« Les histoires d’amour finissent mal, en général … ». Cette phrase des Rita Mitsouko résume assez bien les difficultés que l’on peut avoir une fois investi dans une relation de couple. Et quand c’est Gaspar Noé qui s’y attaque, cela ne peut évidemment que finir mal…
Nouvel an. Murphy reçoit un appel de la mère d’Electra, son ancienne copine. Elle craint en effet qu’elle se soit suicidée. Ce jeune père se retrouve alors confronté aux erreurs de son passé…
Une chose qui fascine Noé, c’est de voir la psyché la plus néfaste des êtres humains. La manière dont il dépeint cela dresse toujours un tableau noir de l’être humain derrière une mise en scène prenante. C’est encore le cas ici, notamment grâce à sa collaboration avec le chef opérateur belge Benoît Debie (qui a déjà travaillé plusieurs fois avec lui). Il sait comment donner un climat anxiogène à son histoire, étouffant aussi bien ses spectateurs que ses protagonistes dans l’ambiance pesante de son récit. Si l’on souligne un travail de profondeur de champ isolant souvent son héros, on peut rajouter la pertinence de visionner ce long-métrage en trois dimensions.
Concernant cette partie, elle suit encore la chute dans un enfer mental. L’alternance entre un passé débridé sexuellement et un présent plus cadré (cf ces plans où il est écrasé dans l’encablure de sa chambre) souligne le voyage mental de son héros, moins onirique sur le fond qu’ Enter the void mais gardant une forme bien cauchemardesque avec son abondance de couleurs. Le jeu de celles-ci mériterait d’ailleurs que le public s’y attarde pour s’en faire sa propre signification (gardons une part de mystère). Placer le présent le jour du Nouvel An souligne ainsi l’impossibilité du héros d’abandonner son passé. Alors que le premier janvier est souvent vu comme un moyen de réinitialiser notre vie, Murphy se voit ancré et accroché par celui-ci, sans possibilité d’avancer mais juste reculer.
La grosse polémique derrière le film est la crudité de ses scènes de sexe non simulées. Loin de ne constituer que de la pornographie vulgaire, ces scènes de sexe soulignent l’émancipation passée du héros. Bien que Noé joue de son côté provocateur (cf l’éjaculation face caméra), on y retrouve aussi quelque chose d’assez dur pour Murphy. Ce dernier préfère se réfugier dans des souvenirs sexuels plutôt que de se confronter véritablement aux problèmes de son présent. Les scènes de sexe deviennent alors moins érotiques et plus une prison mentale soulignant la déchéance du jeune homme, enfermé par les erreurs qu’il ne peut plus arranger plutôt que se confronter à celles qu’il pourrait régler.
Love constitue donc un nouveau long-métrage aussi sombre sur le fond que coloré sur la forme, où l’on accompagne le héros dans une prison de souvenirs dans laquelle beaucoup sont enfermés mais ne cherchent pas à s’échapper. C’est une nouvelle histoire d’amour qui finit mal, comme en général…