Difficile de ne parler que de cinéma quand il s’agit d’évoquer une palme d’or à Cannes. Surtout quand il semble bien que celle-ci ait surtout été décernée à une femme. Un film de procès basique, une héroïne glaciale, une longueur inutile, un manque flagrant d’ampleur, Anatomie d’une chute reste scotché au sol tout du long sans jamais parvenir à décoller. Une palme d’or qui sera finalement assez vite oubliée.
Une palme reflet de son époque
Mon épouse qui a vu Babylon juste avant n’a pu s’empêcher de faire une rapide comparaison. Un film monde contre un fait divers, une mise en scène flamboyante contre une mise en scène contenue et pépère (ou plutôt mémère pour être raccord avec les mœurs du temps), en bref, une Palme d’or reflet de son époque, avant tout, plus du tout une récompense cinématographique. Car Anatomie d’une chute multiplie les facilités et les imperfections. Une héroïne et son défunt mari pour qui on ne parvient jamais à éprouver la moindre empathie, un procès lambda, un ton neutre qui place automatiquement le spectateur en dehors et jamais en dedans, restent un jeune héros touchant et un avocat personnifié par le toujours très bon Swann Arlaud qui parvient à transmettre le côté très belliqueux de son personnage. Le procès en lui-même est un moment d’ennui, avocat général tête à claques avec toujours un petit mot ridicule pour tenter de convaincre le jury (lui aussi reflet malheureux de son époque), présidente risible, intervenants pas du tout crédibles (la palme au psy pas du tout professionnel), difficile d’être convaincu par un petit théâtre judiciaire si loin de toute réalité. Le film aboutit à une sentence sans que cela soit vraiment un happy end, ni une surprise, la vie continue. Et il est alors obligé de se dire tout ça pour ça? Le film n’interroge jamais sur la notion de culpabilité, faut il se sentir coupable pour l’être, ou pas? L’héroïne semble constamment dans la lune, détachée de sa réalité, avec l’envie d’être ailleurs. Comme le spectateur finalement. Car le film parle d’une mort d’homme, accidentelle ou pas, un fait divers scabreux. Et trop vite oublié peut être. Le même sujet avec une femme à la place du mort aurait été traité bien différemment, et l’homme aurait été bien plus vertement accusé. 2 poids, 2 mesures.
Donner la Palme d’or à ce film a tout du manifeste, vive les femmes, et pourquoi pas rappeler qu’elles ont souvent un vrai regard dans leurs films. Sauf que ce film sera oublié, parce que sans vraie qualité cinématographique, justement. Alors mieux vaut en prendre son parti et attendre une prochaine cérémonie représentant mieux ce que le cinéma peut apporter aux spectateurs, des émotions, du rire, de l’effroi et pas une pâle production hexagonale certainement sans chance de dépasser le format téléfilm sans un généreux système de subvention publique unique au monde…
Synopsis: Sandra, Samuel et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel, vivent depuis un an loin de tout, à la montagne. Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur maison. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt inculpée malgré le doute : suicide ou homicide ? Un an plus tard, Daniel assiste au procès de sa mère, véritable dissection du couple.