Un petit village anglais est victime d’un mystérieux corbeau qui adresse d’abord des lettres injurieuses à la pauvre vieille fille Edith Swan (truculente Olivia Colman) avant d’abreuver toutes les concitoyennes. L’exilée irlandaise Rose Gooding est accusée sans preuves, elle fait le dos rond avec sa gouaille habituelle, faisant fi de l’opprobre publique tandis qu’Edith reste discrète et fait mine de lui pardonner. Le tout se change en béchamel infernale quand les femmes commencent à faire entendre leurs voix trop longtemps tues, l’humour anglais est piquant, le moment de comédie est des plus réussis.
Une comédie très english
L’intrigue est véridique, l’histoire de voisines ennemies et des lettres ordurières qui agitèrent l’Angleterre des années 1920 est vraie. C’est surtout un procédé habile pour aborder le statut des femmes à l’époque, elles réduites à des êtres secondaires face aux maris, pères et hommes divers, tous trop heureux de mettre sous l’entonnoir les désirs d’émancipation d’une gente féminine obligée de se taire et de subir. Timothy Spall incarne un très caricatural paternel d’Edith qui ne lui laisse jamais voix au chapitre, trop heureux de la punir à coup de dictées d’un autre âge. Les fonctionnaires semblent dater de l’ère victorienne, poussiéreux et imbus de leur personne. Olivia Colman est une grenouille de bénitier des plus convaincantes, étouffée par un père autoritaire et par une époque éprise de principes antédiluviens.
Le film est agréable, il ne restera pas forcément dans les mémoires mais c’est loin d’être un désastre, juste un peu gratuit et prévisible.
Synopsis:
Littlehampton, 1920. Lorsque Edith Swan commence à recevoir des lettres anonymes truffées d’injures, Rose Gooding, sa voisine irlandaise à l’esprit libre et au langage fleuri, est rapidement accusée des crimes. Toute la petite ville, concernée par cette affaire, s’en mêle. L’officière de police Gladys Moss, rapidement suivie par les femmes de la ville, mène alors sa propre enquête : elles soupçonnent que quelque chose cloche et que Rose pourrait ne pas être la véritable coupable, victime des mœurs abusives de son époque…