Le cinéma iranien est décidemment plein de surprises. Chroniques de Téhéran propose 9 scènes décorrélées les unes des autres mais avec des personnages aux prises avec des tourments assez similaires. Tournés face caméra (ou plutôt de 3/4), ils s’adressent à des interlocuteurs jamais révélés mais apparents grâce à leurs voix présentées en off. Turpitudes administratives, fardeaux religieux, caractères difficiles, les raisons sont multiples pour tourmenter les 9 héros ou héroïnes constamment en train de se justifier. Un prénom refusé par l’agent d’accueil de la mairie (mais c’est vrai que David, en Iran, bon…), une élève piégée / piégeuse prise à parti pour ses mœurs pas très convenables par rapport à la religion par sa directrice d’école, une jeune fille recouverte d’un habit super couvrant alors qu’elle souhaite juste danser en toute liberté, les scénettes sont truculentes, minuscules mais très évocatrices des barreaux d’un pays sous le joug des mollahs rigoristes. Les sous-entendus sont puissants, chaque scène montre un aspect d’une société trimballée entre occidentalisation et traditionalisme. Le film montre surtout qu’il y a beaucoup de similitudes avec notre société, les fonctionnaires sont tout aussi bornés que chez nous et les occasions de devoir se justifier à tout bout de champ ne manquent pas. Occident et Iran font face aux mêmes tourments, même au niveau du harcèlement sexuel, pas le trait le moins étonnant de ce film iranien toujours très pertinent.
Synopsis:
Un homme déclare la naissance de son fils. Une mère habille sa fille pour la rentrée. Une élève est convoquée par la directrice. Une jeune femme conteste une contravention. Une jeune fille se présente à un entretien d’embauche. Un jeune homme vient retirer son permis de conduire. Un homme au chômage répond à une annonce. Un réalisateur demande une autorisation de tournage. Une femme cherche à retrouver son chien. Neuf visages de la vie quotidienne à Téhéran.