Critique : Il existe une ironie dans le domaine de l’animation : celle de pouvoir être l’écrin de divers esprits imaginatifs par le biais de divers outils tout en subissant le regard dédaigneux de certaines personnes. Peut-être est-ce l’imagerie dominatrice dans une certaine culture des œuvres estampillées Disney ou l’esthétique Ghibli à qui on renie tout le fond politique prégnant, surtout dans les réalisations d’Hayao Miyazaki. En tout cas, l’animation reste constamment mise de côté par un certain public et c’est d’autant plus rageant quand on redécouvre un film comme « Brisby et le secret de NIMH ».
Pour sa première réalisation, Don Bluth ne se lance pas dans la facilité avec ce drame nourri par la peur de la perte, le fantôme de Jonathan Brisby existant en hors champ comme une présence souvent évoquée mais rarement visualisée. L’intégration d’un personnage comique avec ce corbeau en quête d’amour semble presque un appel du pied pour continuer d’accrocher le jeune public, le long-métrage étant constamment orienté vers le drame. Dans ce sens, les quelques points « merveilleux » résonnent comme de nouvelles douleurs, telle la réalité de NIMH. Le film offre ainsi une solidité dramatique totale, rendant d’autant plus bouleversante la quête de madame Brisby tout en s’appuyant sur une animation des plus soignées. Il y a une physicalité dans les mouvements qui accentue la gravité de ton, rendant l’expérience d’autant plus palpable émotionnellement.
Le film va au bout de son imagerie animalière dans une certaine proximité du quotidien, sans révéler certains points qui nous paraissent importants. Ainsi, il existe un réel pouvoir d’évocation concernant plusieurs animaux, tout en jouant d’un décorum fermier assez à propos dans son fond politique. Entre le mythologique et le symbolique, le film se charge, se densifie même, mais ne perd jamais le point de vue de son héroïne, cœur battant qui résonne dans sa chamade tout au long de la narration avec une sensiblerie assumée. Tout cela apporte au film ses meilleurs moments avec une beauté affective qui touche.
Cette sortie de « Brisby et le secret de NIMH » chez Rimini (dans une édition qualitative de surcroît) constitue donc un bon rappel des merveilles émotionnelles prodiguées par l’animation. Don Bluth fait de cette histoire de souris un récit de perte, de deuils, de politique et de quête de place avec un bouillonnement toujours aussi effectif malgré les années. Comptez donc sur nous pour rappeler le bonheur de (re)découvrir les pépites d’animation de Don Bluth mais surtout répéter que le format animé ne devrait pas être une limitation narrative mais, au contraire, une ouverture de possibilités artistiques.
Résumé : Madame Brisby est une souris des champs, veuve de Jonathan Brisby et mère de quatre souriceaux. Lorsque son fils Thimothée tombe malade, elle doit demander de l’aide à ses voisins, d’étranges rats qui cachent un terrible secret.