Critique : Sorti il y a bientôt 40 ans, « La couleur pourpre » est peut-être l’un des films les plus clivants de Steven Spielberg au vu de sa façon d’imprégner cette adaptation de roman avec son style affectif. Cela semble pourtant à propos dans la volonté de faire ressortir une lumière de cette histoire de violences et cette critique nous paraît même assez mitigée quand on voit la façon dont la récente comédie musicale a abordé ce même aspect, avec autant d’affect si pas plus mais sans la même portée visuelle. Et si on ne pourra pas comparer cette comédie musicale avec sa version scénique, il n’empêche qu’on ressort encore plus divisé de notre découverte.
« La couleur pourpre » a pourtant un potentiel intérêt, avec son casting d’une maîtrise vocale agréable, quelques idées de décors çà et là ou même sa reprise du roman d’Alice Walker. Las, le temps nous paraît bien trop étiré pour réellement mettre en avant la souffrance du destin de Celie, au point que certains numéros musicaux diminuent son impact malgré une volonté de fluctuations dans l’espoir, une des thématiques du long-métrage. Malheureusement, cela nous paraît trop inégal pour fonctionner sur la durée, créant des moments d’arrêt qui effleurent à peine la force de la sororité face à une adversité masculine et la possible rédemption des tourmenteurs d’antan.
On espère que cette version de « La couleur pourpre » trouvera son public au vu de l’intérêt toujours aussi fort pour ses réflexions sur un patriarcat destructeur et le potentiel affranchissement par l’entente féminine, mais nous allons avouer ne pas avoir été emporté par celle-ci. Sans jouer la carte futile de la comparaison avec son prédécesseur, c’est un long-métrage bien trop inégal, que ce soit dans sa narration ou sa mise en scène, pour que ses thèmes frappent puissamment et durablement.
Résumé : Séparée de sa sœur Nettie et de ses enfants, Celie mène une vie difficile, subissant même les coups d’un mari violent, simplement désigné « Monsieur ». C’est grâce au soutien de la chanteuse Shug Avery, à la sensualité débordante, et à sa belle-fille Sofia, d’une volonté inébranlable, que Celie puise une force extraordinaire. Une solidarité féminine hors du commun dont les liens qu’elle tisse avec ses « sœurs » sont désormais indestructibles.