Pour en discuter régulièrement avec des fans de cinéma sur Facebook, force est d’admettre qu’il y a plusieurs catégories de fans de la double – et prochainement triple – trilogie Star Wars:

  • les vrais fans pour qui L’Empire contre-attaque est de loin l’épisode le plus abouti.
  • les autres qui adorent les épisodes I-II-III pour des raisons qui m’échappent
Star wars apo

Je vais donc faire preuve d’une mauvaise foi crasse et scandaleuse afin de défendre mon épisode préféré. Je préviens, les spoilers vont se disputer joyeusement la partie. Si vous n’avez jamais vu aucun des 7 épisodes existants parce que vous revenez d’un long congé au coeur de quelques prisons turques, je vous déconseille la lecture de cet article. De même, si vous manquez d’humour et vivez dans un igloo près du Pôle Sud là où on ne rigole pas tous les jours, je préviens. Je vais défendre avec acharnement l’épisode V, quitte à me prendre des coups de baton. Mais ce n’est que du cinéma et puis finalement, on s’en fiche de ce que je pense…

Une mythologie originelle

SWI

Lorsque George Lucas a l’idée de Star Wars, on nage en pleines années 70 où de multiples exemples de films Sci-Fi complètement kitsch abondent. Si celui-là a atteint le rang de mythe, ce n’est pourtant pas un accident. Car le génial réalisateur américain pioche à tous les râteliers. Le moyen- âge japonais et Kurosawa sont constamment invoqués. Il n’y a qu’à voir le costume de samouraï de Dark Vador, les sabres lasers tous droits importés de Kagemusha ou l »organisation de l’Empire, rigoureuse et sans un cheveu qui dépasse (sachant que là, on touche aussi de près à l‘Allemagne nazie). Puis il pioche dans les mythes éternels de l’antiquité. Le fils qui doit affronter son père pour le tuer, je ne fais pas un dessin, c’est un Oedipe mal soigné qui se sent à des kilomètres. Et puis Luke qui embrasse Leia (sans savoir que c’est sa soeur mais quand même), ce fait invoque tant de mythes incestueux de l’antiquité qu’il serait fastidieux de tous les énumérer. La Force est une sorte d’aura surpuissante seulement maitrisée par une petite caste… de chevaliers? On nage en pleins Chevaliers de la Table Ronde. Et puis Han Solo est un Jason modernisé à la recherche de sa toison d’or personnelle sur son vaisseau spatial habité par son argonaute personnel à poil long. On peut énumérer les sources, il y en a une tartine, donnant un je ne sais quoi d’universalité à la saga. Tout le monde reconnait immédiatement l’enjeu de la saga, même Sigmund Freud trouverait un symbole très fort dans ces sabres lasers qui se dressent à l’envi.

SWII

Une première trilogie fondatrice
On touche à l’injustice la plus crasse. Car ceux qui ont vécu en live les premières diffusions télé de la trilogie IV-V-VI sans avoir vent du twist ont connu un véritable bouleversement psychologique que ne pourront ressentir tant de nouvelles générations sauf exception. Je m’en souviens, j’étais… terrassé par la surprise. Dans la salon, sur le canapé, le paternel avec la clope au bec (oui, on pouvait fumer dans le salon familial à l’époque) et qu’est ce que je vois? Dark Vador le salaud absolu est le père du héros rédempteur. Je tourne le regard à ma gauche, m’imaginant en héros de l’univers face à mon némesis… de quoi chambouler n’importe quel enfant… l’image du père est mise à mal, roulée dans la gadoue, Sigmund a eu des tonnes de nouveaux clients grâce à Lucas. Voilà, l’Empire Contre Attaque touche à la psyché, ne serait-ce que pour cette scène. Et puis un des héros qui est trahi par un ami proche et finit cryogénisé, on ne verrait plus ça aujourd’hui. Le scénario ne recule devant aucune barrière. C’est le laisser aller complet.

Des décors en dur

SW7 2

La première trilogie, ce sont des maquettes, des effets spéciaux à la noix certes mais tout de même réalistes. George Lucas a copie le 2001 de Kubrick pour une crédibilité totale. Pas d’écrans verts et de débauche inutile d’effets spéciaux. J’avoue qu’ayant vu 2 épisodes en espagnol (le I et le VI) plus la scène de fin du I sans le son et avec seulement Chewie qui éructe… l’effet est bizarre. Cette impression de se trouver devant une attraction à Disneyland, complètement régressive et bricolée, ça fait mal. Et il faut se rendre à l’évidence. Star Wars, ce n’est que du chiqué, du théâtre filmé, du divertissement comme tous les dessins animés Disney. Du pas sérieux. On peut dire ce que l’on veut, l’attirance pour cet univers fantaisiste stimule l’imagination et les rêves mais ne se base sur aucun terreau solide. Hormis pour les nombreux mythes invoqués à l’envi. C’est peu, gratuit et pourtant fascinant

La déception des épisodes I-II-II

SW6

Je ne reviendrai pas sur la débauche d’effets inutiles qui transforment chaque scène en sapin de Noël surdécoré. En voulant faire plaisir aux fans, George Lucas oublie une des qualités premières de la trilogie originelle: la sobriété. Il en rajoute, en met plein les yeux, c’est forcément révélateur de quelque chose… mais de quoi? D’un scénario bancal, un peu vide et pas assez fouillé? Je serai prompt à le penser mais le barrage est avant tout générationnel. Qui a vécu en live les épisode IV-VI-VI ne peut adhérer aux nouveaux choix esthétiques et scénaristiques des épisodes I-II-III. Voir Yoda sauter partout, le sith se faire dégommer en 2 secondes, Natalie Portman imiter Léia, Ewan McGregor varier les tailles de barbe, voilà. Je l’avoue, cette trilogie ne m’appartient pas et je ne la revendique pas. Ce n’est pas une Madeleine de Proust et j’attendais plus de variation plutôt que du copié collé et des écrans verts.

Et l’épisode VII?

Le nouvel épisode a le bon gout de renouer avec la tension des débuts. Certains diront que l’épisode n’innove en rien, se contentant de recycler les ficelles bien connues. Mort du père, une héroïne perdue sur une planète, un faucon millenium… oui mais l’épisode tisse un fil avec le passé. Je ne m’attendais pas à une révolution, juste à du travail bien fait, ce qui fut selon moi le cas. J’attends plus de surprises dans les épisodes VIII et IX, nous verrons bien.

Conclusion? 

SW7 2

L’épisode le plus profond et construit reste pour moi le V et pas seulement pour son arrière plan symbolique hyper costaud. C’est grâce à toutes les péripéties de cet épisode que la saga est devenue ce qu’elle est, culte et universelle. Car Lucas a osé ce qui ne se fait hélas que très peu au cinéma. La surprise totale, le twist qui tue. Les meilleurs films osent et même une série aussi grand public que GoT ne recule devant excès. C’est un signe… tous imitent l’épisode V devenu un maitre étalon dramaturgie. C’est dur à croire mais c’est ainsi.

PS: Voilà, j’attends les plaintes et je répondrai mais je réitère. Article personnel et non universel. J’attends des répliques construites et argumentées, pas seulement du « T nul le 3 déchir gros naz ». Ca, je n’y répondrai pas 😀