Critique : La fascination pour les tueurs en série n’est pas un phénomène récent, n’en déplaise à certains qui se plaignent de la prolifération de fictions, documentaires et autres podcasts revenant sur les exactions de divers meurtriers. Ainsi, le « Boucher de Hanovre » a aussi bien inspiré le cultissime « M le maudit » de Fritz Lang que cette « Tendresse des loups », deuxième long-métrage d’un Ulli Loemel bien destiné à tendre un miroir peu flatteur d’une Allemagne en proie à la déliquescence. Le pays est dépeint durant les heures sombres suivant la première guerre mondiale, ce qui reflète bien la nature morbide d’une œuvre à l’atmosphère poisseuse.
C’est en effet le cas grâce à son ambiance et au jeu brillant de froideur de Kurt Raab qui impose son parfum mortifère. Ainsi, il est difficile de rester de marbre face aux partis pris visuels du long-métrage, loin de tomber dans des visuels graphiques en préférant distiller un malaise aussi insidieux qu’efficace. L’audience se retrouve alors à continuellement se confronter à un film âpre et difficile qui ne laisse jamais son public réellement respirer. In fine, c’est tout un système de violence qui s’illustre dans ce titre pertinemment morne mais qui mérite de se laisser regarder, notamment avec l’édition fournie par Carlotta. Le Blu-Ray dispose ainsi de suppléments intéressants, tels que des échanges avec le metteur en scène et son directeur de la photographie, permettant de mieux appréhender les intentions du titre.

« La tendresse des loups » ne se laisse pas regarder facilement mais c’est précisément cela qui justifie son visionnage : son côté implacable, inamical et d’une logique artistique étouffante. Le sentiment repoussant procuré par le long-métrage continuera bien évidemment de diviser mais force est d’admettre qu’Ulli Loemel réussit encore, 50 ans après la sortie du film, à distiller un mal-être aussi bien intime que social renvoyant aux difficultés morales de son pays.
Résumé : Bien connu des services de police pour ses nombreux délits, notamment en matière de mœurs, Fritz Haarmann est recruté comme indicateur pour traquer les réseaux de marché noir. L’homme profite de ce nouveau statut pour errer la nuit à la gare centrale de Cologne, où il repère les garçons solitaires, souvent de jeunes fugueurs. Sous couvert de fausses promesses, Haarmann les attire chez lui avant de les tuer et de se débarrasser de leurs corps d’une bien étrange manière…
