Critique : La quatrième de couverture de « Mon amie de plume » souligne que Salman Rushdie considère sa romancière, Yiyun Li, comme une « une des plus grandes autrices de notre temps » et on peut comprendre rapidement pourquoi après la lecture de cet ouvrage. Il y a en effet quelque chose qui parvient à rester et respirer au cours de cette histoire d’amitié brisée et de relations qui se détruisent sur fond littéraire, avec une tragédie intime qui sait comment impacter son audience.

L’ouvrage débute sur un ton enfantin faussement naïf, renvoyant aux notions de mortalité avec une proximité inhérente à pareil âge et créant une dissociation qui surprend au premier abord. Très rapidement, on se laisse emporter par le récit d’Agnès et la façon dont l’écriture change son quotidien tout en renvoyant à la connexion toute en fragilité avec Fabienne. Ce cœur émotionnel apporte un sentiment de tristesse à la narration qui nous prend peu à peu au fur et à mesure de la lecture tout en renvoyant à ses réflexions avec un aspect trouble qui ne peut laisser indifférent.

« Mon amie de plume » se révèle alors aussi bien un portrait d’amitié qu’un récit d’âge adulte où les liens se détendent jusqu’au point de rupture avec un sentiment douloureux. La plume de Yiyun Li parvient à charrier émotionnellement le potentiel du récit vers un résultat faussement lumineux tout en profitant totalement de son ancrage géographique et historique. Il était évident que le roman constituait une de nos grandes attentes de la rentrée littéraire mais en fermant le livre, on peut confirmer que c’est un titre plus que recommandable que nous propose Belfond.

Résumé :  Fabienne est morte. Cette nouvelle, Agnès l’apprend en Amérique, bien loin de la campagne française où toutes deux ont grandi et sont devenues inséparables, bien loin de ce lieu qu’Agnès a fui, avec l’aide de Fabienne. Fabienne est morte et Agnès est enfin libre de raconter son histoire. Agnès et Fabienne étaient les meilleures amies du monde, deux fillettes qui s’étaient créé une bulle pleine d’imagination, d’histoires, de rêves, pour mieux échapper à la rudesse de la vie dans la France d’après-guerre. Deux fillettes qui voulaient vivre autrement, mieux ; deux fillettes qui avaient un plan.
Et puis Fabienne a trahi Agnès. Le plan s’est écroulé, leurs trajectoires se sont séparées, la tragédie a frappé…