Critique : Les personnes qui suivent les écrits d’Haruki Murakami savent que l’auteur aime parler de lui et de son rapport au monde, sans que cela ne tombe invariablement dans un exercice littéraire autocentré. C’est d’ailleurs un de ses nombreux points d’intérêt : sa façon d’assumer une subjectivité de regard quand il aborde cette vision pour approcher un rapport au monde assez intéressant. C’est encore le cas de cet « Autoportrait de l’auteur en coureur de fond », disponible depuis peu chez Belfond dans une nouvelle édition et où le romancier décrit son rapport à la course comme moteur physique, émotionnel mais surtout artistique.

Ainsi, en décrivant son évolution de vision par rapport à la course, Haruki Murakami révèle une fragilité assez touchante, allant croissant avec ses liens physiques. Il raconte ainsi avec son style personnel ses différentes courses et autres marathons, renvoyant à la relation du monde avec son propre organisme pour mieux y faire résonner la nature personnelle de l’exercice. Ainsi, beaucoup de choses rapprochent l’écrivain et le coureur dans leur solitude mais également leur manière d’avancer perpétuellement, dans un équilibre entre l’entre-soi et le monde qui les entoure.

Cette réédition de cet « Autoportrait de l’auteur en coureur de fond » devrait donc renforcer l’intérêt de se replonger dans les écrits d’Haruki Murakami, auteur toujours passionnant quand il s’agit d’inventer des mondes ou juste de les narrer par son regard. Si l’ouvrage ne nous a pas nécessairement donné la force de se mettre à la course (ce que le romancier souligne d’ailleurs), il déborde par sa façon de lier esprit et corps, intime et monde, le tout avec des liens si fragiles et solides à la fois pour mieux raconter, tout simplement.

Résumé : Pour moi, courir est à la fois un exercice et une métaphore.

Longtemps, Murakami a couru. Dix kilomètres par jour, six jours par semaine, un marathon par an, vingt marathons en tout.

De cette passion, il a tiré un livre étonnant, entre éloge de l’effort, leçon de sagesse et mémoires inattendus.
Car le maître ose une comparaison surprenante : si ténacité, capacité de concentration et talent sont les qualités requises d’un romancier, la course à pied permet de cultiver la patience et la persévérance.

Courir est une métaphore de l’écriture.

Sur un ton qui conjugue pudeur et authenticité, Murakami nous ouvre une porte sur sa personnalité, son travail de création, son quotidien. Une œuvre culte, à la fois légère et profonde, intime et universelle, à redécouvrir dans une toute nouvelle édition.