
Pour qui n’a pas connu la réalité de l’état soviétique entre 1922 et 1991, ce film apparaitra comme un véritable OVNI. Imaginez des millions de citoyens réduits au silence, parti unique, aucune liberté d’expression, et le top fut atteint pendant l’ère stalinienne entre la fin des années 1920 et 1953. Exécutions, déportations, des millions de morts sommaires dans un état toujours plus totalitaire. Deux procureurs tente d’ouvrir une lucarne la plus réaliste possible sur une époque kafkaïenne avec un jeune procureur qui tente d’alerter sur les exactions du NKVD (ancien nom du KGB, police secrète du régime) et qui va de difficultés en difficultés. En cela, le film est longtemps répétitif, les vexations s’enchainent pour le jeune procureur tout juste nommé et inconscient des réalités des exactions du régime, bien comprises et acceptées par tous, sauf par lui. Le film décrit une machinerie administrative complexe et liberticide, tout le monde la connait a posteriori, mais lui n’imagine pas une telle outrance dans les tortures et les exactions. L’URSS et l’Allemagne nazie des années 30 partageaient un même point commun, nulle pensée contraire n’était tolérée. Le film montre par le détail le sort infligé à ceux qui ne suivent pas la ligne. Le film est glaçant par sa logique retorse, ces longs plans séquences, cette distanciation constante avec la plus pure humanité.
Synopsis: Union Soviétique, 1937. Des milliers de lettres de détenus accusés à tort par le régime sont brûlées dans une cellule de prison. Contre toute attente, l’une d’entre elles arrive à destination, sur le bureau du procureur local fraîchement nommé, Alexander Kornev. Il se démène pour rencontrer le prisonnier, victime d’agents de la police secrète, la NKVD. Bolchévique chevronné et intègre, le jeune procureur croit à un dysfonctionnement. Sa quête de justice le conduira jusqu’au bureau du procureur général à Moscou. A l’heure des grandes purges staliniennes, c’est la plongée d’un homme dans un régime totalitaire qui ne dit pas son nom.