Critique : Que serait l’Histoire sans l’imperfection de l’être humain ? Ce sont en effet les histoires les plus improbables qui construisent celle-ci, nourrie par notre façon de nous faire emporter par les émotions. On comprend donc pourquoi Robert Harris a voulu s’attaquer à ce sujet avec « Des hommes en guerre », titre jouant déjà de l’effacement de Venetia Stanley dans les enjeux mondiaux, inscrite malgré elle dans l’Histoire. Il y a d’ailleurs quelque chose de clairement amusé dans l’approche narrative prise par le roman, comme souligné par l’auteur dans la note en ouverture de son roman.

En y précisant en effet être parti de véritables citations du Premier ministre autour desquelles il a brodé les réponses de Venetia mais également un personnage d’inspecteur totalement fictif, Robert Harris joue d’une forme de brouillage de la fiction. Cela alimente un récit qui prend son temps à démarrer, comme des pièces sur un échiquier historique où amour, guerre et politique se voient liés malgré eux au gré d’un monde qui se déchire. Heureusement, l’auteur ne prend pas le chemin le plus attendu et parvient à surprendre dans sa brique de plus de 500 pages, bien aidé par son style d’écriture mais également sa façon d’aborder son trio principal avec une affection des plus certaines.

En tirant de son point de départ un portrait historique plus qu’un thriller absolument tendu, Robert Harris pourra désarçonner son audience. Il n’empêche que « Des hommes de guerre » profite bien de sa base réelle pour lier fiction et Histoire, émois amoureux et enjeux mondiaux avec des ficelles aussi solides qu’intéressantes. On remerciera donc Belfond pour l’envoi de cet ouvrage mais surtout le romancier pour ce livre solidement bien construit sur les vertiges d’un réel aux contours bien irréels.

Résumé : Quand une idylle met en péril la sécurité nationale… Maître du thriller historique, Robert Harris nous plonge au cœur de l’une des affaires les plus confidentielles de la Première Guerre mondiale, qui a bouleversé le cours de l’Histoire.

Londres, été 1914. Venetia Stanley, jeune aristocrate proche de Churchill, vit une liaison clandestine avec le Premier ministre, Herbert Henry Asquith. Séduit par sa beauté et sa fougue, Asquith voit aussi en Venetia une conseillère hors pair pour analyser les affaires d’État les plus sensibles, qu’il lui rapporte dans des lettres quotidiennes ou au cours de balades intimes en voiture.

Mais tandis que l’Irlande est au bord de la guerre civile et que l’Europe s’apprête à prendre les armes contre l’Allemagne, un jeune officier du renseignement enquête sur une fuite de documents top secret… qui l’entraîne inexorablement vers la jeune maîtresse du Premier ministre. Intrigante en quête de pouvoir ou victime désignée du dilettantisme d’un homme d’État : qui est réellement Venetia Stanley ?