Après La Favorite (2018 avec un Oscar pour Olivia Coleman), Poor Things (2023 avec un deuxième Oscar pour Emma Stone après La La Land) et le masterpiece Kinds of Kindness (2024), Yorgos Lanthimos retrouve son égérie Emma Stone pour un film pas moins barré que tous les autres. Bugonia débute comme une fable anticapitaliste à la sauce Lanthimos, forcément barrée. Jusqu’à ce que le caractère véritable des ravisseurs et de la PDG enlevée soient révélés après une grosse partie du film. Les twists sont nombreux et surprenants, voire même un peu trop barrés, à la limite du kitsch et du mauvais gout. Certaines scènes de torture font froid dans le dos et l’héroïne se révèle être une warrior pleine de ressources physiques et psychologiques. Jesse Plemons prouve une fois de plus qu’il peut tout jouer, le soldat atrabilaire dans Civil War comme le pauvre loser dans ce film, il est toujours crédible et investi. Alors si le bat blesse, ne serait-ce pas parce qu’à force de chercher l’idée la plus originale possible, le réalisateur en fait un peu trop? Le fait est que Kinds of Kindness a été peut être le summum de l’irrévérence et de la perversion, et le soufflé Lanthimos comme à retomber, il ne pourra pas aller plus loin, il va falloir changer le concept, et peut être aussi le casting. Car Bugonia lasse et ennuie, au final, c’est un film concept qui laisse hélas un peu indifférent.

Pour les curieux, vu sur Wikipédia, la bugonia ou bougonie, du grec βοῦς (bœuf) et γονή (progéniture), littéralement « progéniture du bœuf », est un rituel sacrificiel rapporté par divers auteurs de l’Antiquité et attribué aux anciens égyptiens, fondé sur la croyance que les abeilles peuvent naitre du cadavre d’un bovin. Vous voyez, c’est quand même bien barré.

Synopsis: Deux jeunes hommes obsédés par les théories du complot kidnappent la PDG d’une grande entreprise, convaincus qu’elle est une extraterrestre déterminée à détruire la planète Terre.