Parfois, on essaye de faire passer le jeu vidéo pour un loisir abrutissant, dénué de tout intérêt ou portée artistique. On a tendance à lui préférer la littérature, ou le cinéma, considérés comme plus « nobles » et ayant un véritable intérêt artistique. Mais pourquoi le jeu vidéo ne pourrait pas faire cela ? Nombre de jeux nous ont fait pleurer, réagir, nous émerveiller, et c’est de l’un d’entre eux dont nous allons parler aujourd’hui. Mesdames, Messieurs, je vous présente Brothers : A Tale of Two Sons.
Une aventure sensorielle
Brothers : A Tale of Two Sons est un jeu de plateforme développé par Starbreeze, studio suédois à qui l’on doit notamment la série des Payday, et édité par 505 Games. Il est sorti sur PC, PS3 et Xbox 360 ainsi que sur smartphones en 2013. L’histoire est on ne peut plus simple : vous incarnez deux frères qui doivent aller chercher un remède à l’autre bout du monde pour votre père malade. Durant ce voyage merveilleux, les deux protagonistes rencontreront toutes sortes de créatures, traverseront des paysages divers et variés, et résoudront bien des énigmes.
Dans Brothers : A Tale of Two Sons, rien n’est dit : tout passe par les sens. La sobriété est de ce fait un point essentiel du jeu. En effet, le jeu ne contient presque aucun dialogue, le peu de paroles émis par les personnages étant de toute façon incompréhensible pour en laisser l’interprétation au joueur. L’impact de la musique en est d’autant plus important, transmettant le ton des scènes.
De même, les phases d’actions sont très peu nombreuses, pour laisser la possibilité au joueur d’admirer paisiblement les paysages. Plusieurs bancs sont d’ailleurs disséminés dans les différents environnements pour offrir au joueur une vue imprenable sur le décor. Il convient d’ailleurs de saluer la direction artistique qui, non contente d’avoir créé de superbes paysages, a également su imposer une patte originale sur les magnifiques graphismes.
Le gameplay, vecteur d’émotions
Bien entendu, nous sommes ici face à un jeu, et non à un film, donc la musique et les décors ne sont pas suffisants à décrire l’œuvre en elle-même : il faut parler du gameplay. Brothers : A Tale of Two Sons se joue d’une manière assez particulière : chaque stick et gachette (ou combinaison de touches si vous jouez sur PC) sert à contrôler un des frères. Il faudra donc les faire coopérer et bouger en même temps pour résoudre des énigmes. Le fait que les deux protagonistes soient contrôlés à l’aide de la même manette crée une sorte de proximité entre eux, à travers le gameplay et de manière tout à fait implicite encore une fois. Sans spoiler, la fin du jeu exploite d’ailleurs très bien ce concept dans une dernière scène bouleversante. Le fait qu’il n’y ait aucune interface sur l’écran de jeu est également un choix de gameplay favorisant l’immersion du joueur dans l’univers proposé.
Si la sobriété du gameplay dessert l’ambiance, elle est en revanche un point faible en ce qui concerne le côté ludique. En effet, les énigmes sont très simples et le jeu ne vous retiendra pas plus de trois ou quatre heures, ce qui est un peu décevant. Cependant, il n’en fallait pas plus pour narrer les aventures des deux jeunes garçons, et on peut être content que les scénaristes aient su arrêter l’histoire au bon moment plutôt que de nous perdre en cours de route.
Un univers sombre
Ne vous laissez pas endormir par ses graphismes colorés et la simplicité de son gameplay : Brothers est un jeu particulièrement sombre et triste. La mort est omniprésente, depuis l’objectif même de l’histoire (aller chercher un remède pour votre père mourant) jusqu’à la fin, sombre et émouvante. Le plus impressionnant cependant est la façon dont elle est mise en scène. La plupart du temps, on ne sait pas les raisons qui ont conduit à ce destin funeste: la mort est lancée au visage du joueur comme une sentence tragique et inéluctable. Certaines séquences ne manqueront pas de marquer le joueur, notamment la scène finale que je ne spoilerai pas pour vous inciter à tester le jeu par vous-même.
Conclusion
Brothers : A Tale of Two Sons prouve à tous les rabat-joie qu’un jeu peut très bien être une œuvre d’art. En faisant de ce titre une expérience sensorielle poignante et sombre, Starbreeze a su transporter le joueur dans un univers oscillant entre le merveilleux et le tragique. Allez donc jouer à ce fabuleux titre qui, bien plus qu’un jeu, est une invitation au voyage et à l’émerveillement.