Cloud Atlas est un film semblable à nul autre. Ambitieux et tortueux, il embarque le spectateur dans une histoire qui court sur 5 siècles en insérant les mêmes acteurs dans des intrigues qui s’imbriquent les unes dans les autres. Beaucoup n’auront pas la patience de se concentrer pendant près de 2h45 pour ne pas se laisser perdre en route, mais pour ceux qui accepteront de faire l’effort… la récompense sera somptueuse. Le film choral subjugue par sa complexité et en même temps son évidence. Les histoires d’amour chevauchent les quêtes d’absolu et les efforts pour survivre dans des histoires complémentaires et chacune différentes. Un bijou que ce film.
Une construction savante et passionnante
Chacune des 6 histoires inclues dans Cloud Atlas se déroule en même temps, avec des flashbacks incessants et déroutants. Au premier visionnage, le film est une énigme. Tom Hanks apparait tantôt chevelu, tantôt chauve, tantôt barbu. A ses côtés, Halle Berry, Hugh Grant, Jim Broadbent, Hugo Weaving, Jim Sturgess, Doona Bae, Ben Whishaw et Keith David subissent le même sort. Grimés, masqués, costumés, ils évoluent dans des univers chronologiquement distincts et pourtant liés. Du XIXe siècle à une ère futuriste, le film interroge sur la place de l’humain dans son univers et le rôle que chacun est prêt à y jouer. Et comme chacun des acteurs interprète tantôt un personnage vertueux et tantôt une enflure, le flou est volontairement rendu complet et totalement captivant. Cloud Atlas est une véritable énigme dont il est difficile d’imaginer la complexité de montage. Car il faut accepter de sauter d’une intrigue à l’autre sans sourciller tout en gardant les yeux et l’esprit perpétuellement ouverts.
Des acteurs au top
La gymnastique demandée aux acteurs rend le film à la fois truculent et impressionnant. Car tous parviennent à rester crédibles sous chacun de leurs oripeaux et chacune des histoires fascine par sa place dans l’univers Cloud Atlas. Le film est une vraie galaxie qui aurait pu ne pas fonctionner et qui pourtant tient parfaitement la route. Les réalisateurs ont du mener une tâche titanesque pour parvenir à un résultat si brillant et déroutant, si déroutant que le film a fait un four aux Etats-Unis. Et pourtant… qu’il est bon se se plonger dans un opus visuellement éblouissant et si scénaristiquement cohérent. A la manière d’un 2001, L’odyssée de l’espace, le film demande un effort conséquent mais tout est en place pour apporter une satisfaction finale totale. Techniquement, les Wachowski ont montré leurs talents dès la trilogie Matrix, ils insèrent ici une bonne dose de poésie et de romantisme. En faisant appel à des acteurs confirmés dans l’art de l’interprétation, ils ne se sont pas trompés du tout.
Au final, Cloud Atlas est un monument filmique, certes difficile à appréhender mais de plus en plus passionnant au fur et à mesure de ses visionnages. Les fans ont depuis longtemps fini de répertorier les éléments présents dans chaque histoire et renvoyant à l’épisode chronologiquement précédent. Chaque acteur apporte sa touche de grâce à un film qui n’en manque pourtant pas. Pour qui aime aller au cinéma pour se laisser perdre et retrouver finalement son chemin à force d’application, Cloud Atlas est un vrai délice.