Bonjour à tous !
Aujourd’hui je vais vous parler d’un film culte du bien célèbre réalisateur américain Spike Lee, Do The Right Thing sorti en 1989. Avant de parler du film, il me faut vous introduire Spike Lee et son cinéma.
Spike Lee est un réalisateur américain né en 1957 et dont la filmographie s’intéresse à la vie du peuple noir américain au fil du temps. Le cinéma de Spike Lee est engagé et constitue un véritable condensé de culture afro-américaine. Durant sa carrière, Spike Lee a révélé de nombreux grands acteurs noirs désormais célèbres dans le monde entier comme Denzel Washington, Samuel L. Jackson ou encore Wesley Snipes.
Cependant, le cinéma de Spike Lee peut être un sujet de polémique du fait de son fort engagement pour la cause noire. Le projet de Lee est de rendre honneur à la culture noire américaine et de faire honneur à ses ancêtres. C’est dans cette démarche qu’il réalisera les films qui l’ont fait connaitre comme Malcolm X ou encore le film que je vais relater aujourd’hui Do The Right Thing.
Une ode à la culture noire Américaine
Do The Right Thing est un savant mélange de drame et de comédie sorti le 14 Juin 1989. Le film est original dans sa narration. En effet, l’histoire ne suit pas un seul personnage ou même une intrigue mais se contente de présenter une journée banale dans un quartier de Brooklyn. Ainsi, nous suivons une pléiade de personnages hauts en couleurs, sans mauvais jeu de mots. Le film est une comédie évoluant dans un environnement très peu propice au rire. En effet, le quartier présenté est dangereux et l’ambiance y est plus que tendue. On ressent dès le début du métrage un racisme latent.
Cependant, Spike Lee ne s’attarde pas seulement sur le racisme anti-noir mais traite également du racisme entre toutes les communautés présentes dans le quartier, les chinois, les hispaniques, les italiens et même les américains pure souche. Tout ce patchwork de culture donne un film foncièrement humaniste et qui tourne en dérision les différentes revendications des peuples présentés. On sent une forte volonté de Spike Lee de présenter la culture noire dans son film. La B.O est tout simplement géniale et aborde différents styles attachés aux diverses communautés.
Malgré le ton qui semble léger dans le film, toute la mise en scène tend à faire monter une forte tension qui devient très pesante dans la troisième partie du métrage. En effet, cette sensation de tension est tout d’abord renforcée par le climat dans lequel se déroule le film, il fait une chaleur plus qu’étouffante et chaque plan transpire littéralement la tension. On passe le film à se demander quand tout ce petit quartier va exploser.
Le film est très politisé, Spike Lee souhaite dénoncer, parfois de manière polémique, l’important racisme présent aux Etats-Unis. Que ce soit dans l’idée générale du film ou même dans la B.O, le simple titre « Fight The Power » de Public Enemy suffit à donner le ton d’ensemble du métrage.
Le film est tiré d’un fait divers. Trois noirs avaient été tabassés à mort par des Italo-américains. Lorsqu’on sait cela, on comprend tout de suite où se place Spike Lee dans le récit.
Ce film dénonce l’injustice, et montre comment des actes minimes peuvent entrainer un vent de racisme profond, ici, de simples photos d’italiens sur un Wall Of Fame déclenchent au fur et à mesure, la destruction de la vie de Sal, le pizzaïolo.
Spike Lee interprète le rôle de Mookie, un des personnages les plus importants du film et qui, à ma grande surprise, déclenchera l’émeute finale qui donnera au film une saveur bien plus amère qu’à son commencement. Le film se clôt sur deux citations, une dénonçant la violence et une autre la justifiant, ces deux citations mettent en conflit Malcolm X et Martin Luther King. Ainsi, le message du film devient plus humaniste et laisse le spectateur face à lui-même. Bien que Spike Lee laisse le spectateur avec ses propres convictions, on sent tout de même la dimension politique de cette comédie à la fin où le parti des noirs est grandement favorisé, notamment avec la mort de Radio Raheem, un noir tué par des policiers après une altercation dans la pizzeria de Sal.
Le film bien qu’étant un fort succès, a déclenché une importante polémique sur son fond, en effet, certains le trouvent humaniste et ouvert d’esprit quand d’autres y voient une importante incitation à la haine. Il est vrai que cette scène finale est bien plus engagée que le reste du film. L’idée ici n’était pas de mettre en exergue la culture noire comme dans tout le reste du métrage mais plutôt de faire un message politiquement engagé et controversé.
Le film a été fondateur dans le cinéma noir américain et a notamment donné naissance à deux chefs d’oeuvres du cinéma Boy’z N The Hood de John Singleton et Menace II Society des frères Hughes. Spike Lee est ici aux commandes du film dans son intégralité, il est ainsi acteur, réalisateur, scénariste et même producteur du métrage.
Je pense que le secret de la longévité du film est son caractère actuel. C’est donc assez tristement que le message et le propos du film perdurent dans le temps. Le racisme présenté dans le film a des consonnances très actuelles et il prend alors une toute autre dimension lorsqu’on le visionne aujourd’hui.
Le métrage est extrêmement original par ses plans, sa musique et son ambiance. La couleur des plans et la présentation de la chaleur qui s’insinue dans les moindres détails plongent le spectateur dans le quartier de Brooklyn. Les plans de face où les personnages ne font que déblatérer des insultes racistes semblent être un parfait exutoire pour un film dont la tension ne fait que monter crescendo et dont les personnages semblent être très souvent à deux doigts d’imploser.
On retrouve dans le métrage la bande habituelle de Lee, composée de Bill Nunn, Samuel L. Jackson, Giancarlo Esposito ou encore Joie Lee, sa soeur.
Il est clair que Spike Lee attaque ici le cinéma américain qu’il déteste, les plans des visages d’Al Pacino et De Niro qui brûlent sont clairement une attaque directe contre un cinéma qu’il souhaite révolutionner. Bien que son cinéma soit original, je ne suis pas franchement de son avis sur le cinéma américain mais là est toute la sève de la controverse soutenue par Spike Lee.
Sa volonté de rendre le cinéma moins blanc selon ses termes ne l’empêche pas de faire un excellent film avec ce Do The Right Thing. Ses enjeux sont ici très cinématographiques et on remarque le travail d’un Spike Lee pas encore totalement radicalisé. Son rôle dans le film est très surprenant et lourd de sens car Mookie, personnage très calme et pacifique en apparence est pourtant celui qui va déclencher l’émeute en lançant une poubelle contre la devanture. Ce qui montre que la communauté noire est soudée et que le plus calme d’entre eux peut devenir féroce s’il doit défendre les siens.
Il est très pertinent de s’intéresser à la chaleur dans le film et à ce qu’elle évoque. En effet, elle représente toute la tension du film, les moments de douche ou la scène des glaçons sont des moments de calme intense qui font redescendre la tension. Je pense donc que la métaphore de la chaleur pour induire la tension est une astuce très bien trouvée par Spike Lee pour traduire son intention de narration.
Ainsi, Do The Right Thing est un film culte, puissant et très original. Les personnages sont écrits avec brio, chaque scènette est très agréable à suivre et l’intrigue complètement décousue permet d’avoir une vue d’ensemble de l’environnement dans lequel évolue les personnages.
Malgré son ton quelque peu polémique, Do The Right Thing est un excellent film et certainement l’un des meilleurs de Spike Lee ! Je vous invite donc à le voir ou le revoir !
Bonne Journée à tous sur Culturaddict !