Le réalisateur Guy Ritchie fait régulièrement la une des magazines de cinéma au rythme de ses sorties de film. Après des débuts en fanfare avec un ton bien à lui et des opus aux thèmes tournant autour du gangstérisme et de l’humour, le rythme des bonnes surprises a quelque peu baissé. Films moins personnels, blockbusters vidés de sa touche magique, il est revenu au taff avec son récent The Gentlemen armé d’un casting peuplé de têtes connues et un ton se rapprochant de ses débuts magiques. Alors je n’aborderai pas certains films qui, pour moi, tiennent plus du film de commande sans être de vrais films de Guy Ritchie. Sherlock Holmes, A la dérive, Le roi Arthur, Aladdin, je ne vois pas l’intérêt de les aborder quoique Iron Man fasse un Sherlock assez truculent. Donc je vais revenir sur le meilleur des ses films avec Arnaques crimes et botanique, Snatch, Revolver, RocknRolla et The Gentlemen. Les vrais films de Guy Ritchie pour moi.
Des dialogues inimitables
Les bons films de Guy Ritchie enchainent les dialogues mitraillette bons à apprendre par cœur. Jason Statham et Stephen Graham se prennent constamment le chou dans Snatch et c’est d’autant meilleur qu’à leurs côtés, Vinnie Jones, Rade Šerbedžija et Dennis Farina jouent des seconds rôles de luxe. L’intrigue passe au second plan pour le seul plaisir de voir les personnages deviser sans fin, avec avalanche d’accents et péripéties comiques. Brad Pitt et son accent irlandais font le reste sans qu’on ne puisse jamais le comprendre. C’est ça le point fort principal des films de Guy Ritchie, les personnages en font des tonnes et ça cartonne. En VO, c’est encore meilleur car la gratuité des échanges le dispute avec l’effroi causé par certains personnages. Alan Ford en Bricktop est un modèle de personnage sans pitié et chacune de ses apparitions me rappelle le Joker dans The Dark Knight. Dialogues ciselés, avanies multiples pour tous ses interlocuteurs c’est du grand art. Alors je parle de Snatch, mais c’est pareil dans RocknRolla ou dans Arnaque, Crime et Botanique. Dialogues à l’emporte-pièce, situations improbables, réparties drolatiques, j’adore. Dans Revolver, on ne comprend pas grand chose, ça fonctionne beaucoup moins bien, un mystère pseudo ésotérique est entretenu en pure perte. Et dans The Gentlemen, rien n’est gratuit, on sent les personnages englués dans une lutte pour le pouvoir. Ce n’est pas forcément très drôle, donc moins irrésistible car les personnages se prennent plus au sérieux. Moins de gratuité, c’est donc un thriller un peu plus conventionnel, c’est presque du Guy RItchie mais pas complètement, donc les fans inconditionnels pourront être un peu déçus.
Des tronches de cinéma
Les acteurs ne sont jamais dans la facilité et le jeu de chacun compte pour une bonne partie dans le succès final des films. Chaque personnage a son tempérament, assez unique comparé au reste de sa filmographie. Brad Pitt évidemment, mais Jason Statham également dans Snatch ou Mark Strong dans RocknRolla. C’est un vrai défilé de tronches dans chaque film, renvoyant à la grande époque des films de gangsters british dans les années 60 avec Michael Caine ou Terence Stamp à l’époque. Ca fonctionne un peu moins bien dans The Gentlemen avec un Matthew McConaughey pas vraiment inédit comparé à d’autres films et un Charlie Hunnam pas mirobolant. Hugh Grant perd sa prestance de séducteur cynique pour devenir un journaliste un peu véreux, et ça ne lui va pas si mal avec ses lunettes ray ban aux verres teintés en rouge. Il se prête au jeu du personnage risible à qui il va forcément arriver des bricoles à force de rouler ses interlocuteurs dans la gadoue. Mais bref, le cinéma de Guy Ritchie, c’est un festival de tronches. Johnny Quid interprété par Toby Kebbell dans RocknRolla joue un rocker destroy au fort accent cockney, ça lui va plutôt bien.
Des coups fourrés en pagaille
Dans tous les films de Guy Ritchie, la confiance est une valeur qui semble désuète. Chacun veut prendre le dessus sur l’autre, quitte à l’estropier ou à s’en débarrasser. Les sourires sont filous et carnassiers, pas de partie facile quand l’environnement regorge de mythomanes sans scrupules qui peuvent vous dézinguer en moins de deux. D’où une avalanche de morts violentes avec toutes sortes d’armes contendantes ou pas. Des personnages utilisent aussi des cochons affamés ou des écrevisses voraces. Cette touche d’inhumanité morbide participe à l’atmosphère trash des films pour un vrai régal de spectateur. Je repense à Gerard Butler et Idriss Elba confrontés aux deux molosses russes psychopathes dans RocknRolla et j’en rigole tout seul.
Voilà, les meilleurs films de Guy Ritchie se définissent pas des codes immuables qui font rire et attaquent de toute part. Alors oubliez le roi Arthur ou Aladdin, et replonger vous dans ces films inimitables que son Arnaque, Crime et Botanique, Snatch et RocknRolla!