Critique : Il y a quelque chose de grisant et de frustrant à voir l’une des créatures les plus marquantes de l’histoire du cinéma se retrouver sur le petit écran. Il faut dire que la puissance visuelle du xénomorphe ne diminue pas avec les années et que les ramifications thématiques qui s’y raccrochent continuent de passionner. On pense notamment à cette critique d’un capitalisme déshumanisé et déshumanisant qui hantait déjà le premier film par la façon d’évacuer l’équipage. Néanmoins, la présence de Noah Hawley à la tête du show constituait un point un peu plus rassurant, ce qui rend le visionnage de ces cinq premiers épisodes assez frustrant.
On sent des bases thématiques rapidement posées par un personnage principal se voyant réincarné dans un androïde alors qu’elle n’était qu’une jeune fille proche de la mort. Cette entrée en matière perpétue les questions philosophiques déjà apportées par les mal-aimés « Prometheus » et « Covenant » sur un rapport à l’existence et à l’artificialité qui aurait pu croître autrement dans un format télévisuel. D’ailleurs, le rapprochement avec Peter Pan ne manque pas d’intérêt au vu de tous ces enfants installés dans des corps d’adultes et soumis à un jeune homme qui ne veut pas grandir en la personne d’un patron d’entreprise à l’ego très clairement visible.
Pourtant, le rythme fluctuant pèse un peu sur la narration et distend les possibles thématiques par une durée qui aide peu, en particulier avec une relation familiale qui aurait dû être le moteur émotionnel de ces épisodes mais se révèle bien trop mécanique pour fonctionner. Pourtant, l’idée de communion est présente, notamment avec des effets de surimpression qui convoquent aussi bien le besoin de rapprochement que la surveillance permanente d’agents d’un capitalisme qui veulent tout posséder, jusqu’à la vie éternelle. Le traitement même du xénomorphe va dans ce sens, avec deux premiers épisodes assez classiques dans leur usage et un cinquième recréant peu ou prou le premier opus mais sans la maîtrise visuelle d’un Ridley Scott. C’est d’ailleurs là que l’on peut constater son importance sur la licence, tant la manière de singer certains plans fait retomber à plat une esthétique rétrofuturiste pourtant soignée dans ce qui est un hommage plutôt dispensable.

Il y a clairement de quoi creuser dans ces cinq premiers épisodes, notamment par la façon de réfléchir sur la notion de vie et sur sa représentation d’un univers aux mains d’entreprises régissant jusqu’à la moindre fiction (joli usage des films Blue Sky, n’en déplaise à certaines personnes sur les réseaux sociaux), mais le tout manque ironiquement de cœur. Les fils narratifs se croisent de manière laborieuse tout en proposant des choses aussi plaisantes que certaines réflexions bioniques ou la présentation d’autres créatures très hargneuses, et des points frustrants comme ce rythme trop flottant ou une réalisation inégale malgré des idées pertinentes.
Nous avons donc attendu la sortie de ces cinq premiers épisodes pour pouvoir aborder rapidement la série (nous avons vu le sixième épisode sous embargo en attendant la suite) car il nous semblait intéressant de poser déjà quelques mots sur la nature intrigante mais également un poil décevante de ce que nous propose « Alien Earth » pour le moment. Cela ne nous empêche pas de vouloir découvrir comment va se boucler le récit tant il a de quoi nourrir des réflexions science-fictionnelles toujours vertigineuses et avec l’impression que la conclusion risque de bouleverser une narration peut-être un poil trop maîtrisée pour son propre bien…
Résumé : Lorsqu’un mystérieux vaisseau spatial s’écrase sur la Terre, une jeune femme et un groupe de militaires font une incroyable découverte sur place qui les confronte à la plus grande menace que la planète n’ait jamais connue.
En 2120, la Terre est gouvernée par cinq corporations : Prodigy, Weyland-Yutani, Lynch, Dynamic et Threshold. À cette époque, les cyborgs (humains dotés de parties biologiques et artificielles) et les synthétiques (robots humanoïdes dotés d’intelligence artificielle) cohabitent avec les humains. Mais la donne change lorsque le jeune prodige, fondateur et PDG de Prodigy Corporation, dévoile une nouvelle avancée technologique : les hybrides (robots humanoïdes dotés d’une conscience humaine).
Le premier prototype hybride, baptisé Wendy, marque une nouvelle ère dans la course à l’immortalité. Après la collision du vaisseau spatial de Weyland-Yutani avec Prodigy City, Wendy et les autres hybrides rencontrent des formes de vie mystérieuses, plus terrifiantes que quiconque aurait pu l’imaginer…
Prequel dont l’action se déroule deux ans avant les événements du film de Ridley Scott « Alien » (1979).
