Marvel a réussi à braquer le Box Office mondial depuis le premier volet Iron Man sorti en 2008 comme personne avant lui. Une telle régularité ne peut que forcer l’admiration sauf que les cinéphiles un brin exigeants ont certainement toujours trouvé les différents films un brin faciles. Des super héros charismatiques qui échangent deux blagues en réduisant en cendres leurs adversaires, des effets spéciaux éblouissants techniquement mais somme toute assez limités cinématographiquement parlant, des intrigues simplistes où les gentils écrabouillent les méchants, ça dure deux secondes, pas 20 films. Or, avec Avengers Infinity War, Marvel donne un grand coup de pied dans la fourmilière par la grâce d’un méchant ambigu, complexe et subtilement présenté.
Des caractéristiques typiques de tout Marvel qui se respecte
L’intérêt d’Avengers Infinity War ne réside pas:
- dans sa galerie de super héros réunis pour l’occasion. Les Avengers historiques moins Jeremy Renner mais avec en plus les Gardiens de la Galaxie, Doctor Strange, Black Panther et Spiderman, excusez du peu. Ils sont tous beaux, clinquants et souriants, ils se chamaillent et font des blagues, ça fait sourire mais ça ne créée par une mythologie.
- dans ses sauts de puce entre 4 planètes différentes qui, même éloignés de plusieurs millions d’année lumière sont atteintes en l’espace d’un café expresso à la buvette.
- dans les effets spéciaux impeccables et parfaitement maitrisés. On sait depuis longtemps que tout est possible grâce à un budget de plusieurs dizaines de millions de dollars, plus personne n’est vraiment surpris.
- dans ses batailles homériques qui opposent le super méchant à tous les super héros. Ca castagne, ça envoie des gnions et tout le monde s’en sort sans une égratignure comme par magie.
- dans la véritable hécatombe où plus d’une vingtaine de héros disparaissent à la fin, le coefficient super héros de Marvel est sacrément amoindri, à moins que…
Un méchant au panthéon
L’intérêt du film réside dans le personnage aussi complexe que fascinant de Thanos. Si Josh Brolin est sacrément méconnaissable et sérieusement enlaidi par la magie des travestissements numériques, cela ne suffit pas à amoindrir son rôle au scénario ainsi que son impact. Car Thanos est un personnage fascinant. Derrière ses motivations à conquérir les 6 pierres d’infinité se cachent des intentions qui ne regardent que lui et qui lui font n’avoir aucun remord à exécuter la moitié des habitants de l’univers. Cette scène où il prend sous son aile la jeune Gomora pendant que ses soldats commettent leurs méfaits rentre directement dans mon top personnel. La petite fille verte entend les détonations, elle veut tourner la tête mais Thanos l’en empêche en poussant délicatement son visage de la main. La masse et la plume se mélangent dans une scène qui en dit plus sut lui que n’importe quelle bataille contre Thor ou Iron Man. Thanos est un méchant complexe qui apporte à Marvel le même poids qu’un Joker pour Christopher Nolan dans The Dark Knight ou Hannibal Lecter dans Le Silence des Agneaux. Une légitimité culturelle et surtout des nuances, un halo de mystère doublé d’une énigme sur pattes. Qui est Thanos? La question ne cesse de tarauder le spectateur à la fin du film. Une sombre brute ou un héros qui se cache sous les oripeaux d’un dictateur?
Inutile d’aller plus loin, le prochain volet Avengers en dira plus et répondra aux questions laissées en suspens à la fin du film. Thanos y apparait apaisé, non pas exultant mais presque fatigué. Sa quête a pris fin, il peut observer la nature en toute sérénité. Qui eut cru qu’un film Marvel puisse un jour se terminer de cette manière? Quelque chose se passe dans la franchise bodybuildée, elle pourrait bien gagner en saveur et en intérêt. C’est quand même une bonne chose vu les millions investis… Que le film réussisse si bien au Box Office mondial est un bon signe, cela encouragera Marvel à creuser ses scénarios et ses méchants. Il était temps.