PAu nom du Père, nommé pour sept Oscars, est un film considéré comme un incontournable du cinéma international et un film culte. Et force est de constater que je ne peux que donner raison au succès du film, parce que c’est un chef-d’œuvre!
Je suis époustouflé!
Jamais je n’avais eu une émotion aussi forte devant! La police anglaise, la justice et la sécurité carcérale, ils m’ont donné envie de hurler! Ils ont été cruels, sans pitié et particulièrement monstrueux avec Gerry Conlon et ses compères! Faire avouer des crimes qu’ils n’ont pas commis, dissimuler leur alibi à la justice pendant le procès, faire emprisonner les familles et laisser mourir le père de Gerry en prison, c’est détestable! Et c’est pas tout, les policiers qui les ont arrêtés et torturés, ils n’ont pas été condamnés!
Les acteurs
Daniel Day-Lewis interprète là le rôle de sa vie, celui de Gerry Conlon, la petite frappe de rue confronté à une descente aux enfers par simple malchance! Peu d’acteurs arrivent tellement à faire ressentir aux spectateurs les émotions qu’il joue à l’écran! Pete Postlethwaite (paix à son âme) crève l’écran dans le rôle de ce pauvre Giuseppe Conlon, innocent, et pourtant emprisonné et décédé en prison! Emma Thompson interprète avec brio Gareth Peirce, le miracle qui sauvera Gerry Conlon et ses compagnons! Si Daniel Day-Lewis, Peter Postlethwaite et Emma Thompson sont magistraux dans leurs rôles, en revanche les acteurs qui interprètent les policiers véreux, Gerard McSorley, Tim Perrin, Tony Denham, Rob Spendlove, Phil Davis, Martin Murphy, Richard Graham, Oliver Maguire et Maurice Kehoe, ont été assez talentueux pour qu’on arrive à haïr leurs personnages! Il n’est pas déjà très aisé de jouer le protagoniste, mais il est extrêmement complexe de jouer un méchant, surtout quand les méchants sont d’immondes ordures qui auraient mérité une mise à pied définitive et une interdiction à vie d’exercer le métier de policier, mais le PIRE de toutes ces ordures, c’est le procureur Robert Dixon (joué par l’excellent Corin Redgrave) qui est celui qui a dissimulé les alibis! Si le carton à la fin dit que les flics n’ont pas été condamnés, faut se dire que c’est pas si grave, parce que Gerry Conlon et ses comparses ont été innocentés en appel, OUAIS!!! Voir Gerry sortir par la grande porte applaudi et au tribunal et par les manifestants dans la rue, et le voir vouloir faire campagne pour son défunt père, c’est… C’EST TELLEMENT BEAU!!! J’ai failli pleurer tellement c’était magnifique!
Mise en scène et musique
La mise en scène de Jim Sheridan, sans être tape-à-l’œil comme celle de Sam Raimi ou de Zack Snyder, est vraiment celle d’un auteur, il y a un langage cinématographique visuel! Lors du procès en appel, lorsque le procureur Dixon est appelé à la barre et que le juge lit la déposition confirmant les alibis des prévenus, les plans rapprochés sur Dixon montrent bien la tension en lui, que ce soit le traveling de haut en bas sur son visage tremblant ou le plan penché de lui, c’est vraiment un travail de cinéaste qui sait exploiter la grammaire filmique élégamment! La scène du début montrant Gerry Conlon échappant aux troupes britanniques à Belfast sur fond de Voodoo Child de Jimi Hendrix est excellente! Caméra portée, longs travellings sur Gerry en train de courir jusque chez lui, c’est du grand art!Mais le mieux, c’est la musique et les chansons originales supervisées par Gavin Friday avec la complicité de Bono et la magnifique chanson finale, You Made Me the Thief of Your Heart, chantée par Sinead O’Connor, je dirais même que c’est un peu dommage qu’il n’y ait pas de chanson interprétée par le guitariste de blues nord-irlandais Van Morrison ou le groupe de folk irlandais The Chieftains, parce qu’ils auraient ajouté quelque chose de plus épique!
Histoire révoltante, acteurs touchants ou admirablement détestables, réalisation impeccable et professionnelle, musique émouvante, impossible de ne pas aimer ce chef-d’œuvre engagé qu’est Au Nom du Père (et franchement, une fois que vous l’avez vu, vous avez envie d’aller frapper le premier Anglais que vous voyez)!
Synopsis: Gerry Conlon (Daniel Day-Lewis) est une petite frappe qui fait les 400 coups avec ses potes dans la banlieue de Belfast, en Irlande du Nord. Alors qu’il se fait envoyer par son père Giuseppe (Pete Postlethwaite) à Londres chez sa tante pour qu’il se reprenne en main, en pleine période des attentats à la bombe perpétrées par l’IRA (Irish Republican Army), Gerry se fait arrêter par la police britannique dans le cadre de la prévention anti-terroriste et retenir pendant sept jours, jours durant lesquels la police torturera Gerry des pires manières et se montrera cruelle avec lui pour le faire parler et lui faire avouer des crimes qu’il n’a pas commis, ce qui le mènera à la prison pendant 15 ans, ce qui attire l’attention de l’avocate Gareth Peirce (Emma Thompson).