Comment réussir à contenter les fans et clôturer un univers cinématique sans aucun égal par sa complexité et sa taille en un film? C’était le défi des frères Russo, qui devaient nous livrer la conclusion du MCU après 11 ans de films de qualité variable. Avengers: Infinity War avait déjà placé la barre haute et alimenté les attentes des spectateurs. Avengers Endgame, lui, referme les portes de cet univers de manière satisfaisante, bien qu’inégale …
Une puissance émotionnelle indéniable
On retrouve nos héros quelques semaines après les événements d’Avengers Infinity War. Toujours endeuillés par la perte de leurs proches, les survivants se lancent à la recherche de Thanos. A l’instar de la séquence d’Avengers 2 chez Hawkeye, plus intimiste au milieu de tous les combats, la première demie-heure de film fait office de séquence émotion et permet de poser une ambiance grave. La reconstruction de sa vie et de soi-même après la perte d’un proche est largement appuyée, notamment avec les moments de vie de famille de quelques uns des protagonistes. Une première demie-heure lente, mais qui propose finalement l’une des séquences les plus intéressantes du MCU.
La seconde partie du film constitue le coeur de ce dernier, à savoir un retour dans le temps des personnages dans le passé, à l’époque de certains autres films Marvel, à savoir Avengers premier du nom, Les Gardiens de la Galaxie et Thor 2: Le Monde des Ténèbres. Voilà l’occasion pour la franchise de se moquer gentiment d’elle-même, et d’appuyer l’évolution des personnages de la saga. Ce passage, bien que relativement lent, possède une forte charge émotionnelle, en rappelant notamment à quel point on s’est attaché aux personnages au cours des années.
La fin, quant à elle, clôture évidemment le film avec une bataille épique, dans une montagne russe d’émotions. Se mélangent alors pleurs, applaudissements, et surtout, un pincement au cœur dû à la dernière apparition de tous ces personnages à l’écran. Dans une scène finale intense, on comprend que l’on assiste ici à la fin du MCU, mais on ne peut s’empêcher d’être heureux pour les héros.
Pléthore de défauts
Jouer sur l’émotion des fans, c’est une chose; faire un film qui tient la route en est une autre, et sur ce point, les frères Russo ne s’en sortent pas aussi bien. Le film est jalonné de nombreux défauts, qui en font un spectacle assez moyen pour quiconque n’a pas spécialement suivi le MCU pendant ces onze années.
Le film accumule beaucoup de facilités d’écriture en trois heures. Des voyages dans le temps qui paraissent tirés par les cheveux aux apparitions aléatoires de Captain Marvel qui ne sert qu’à être un deus ex machina sans personnalité, le film se permet bien trop de raccourcis, quitte à rendre certains points d’intrigue du film incohérents (notamment en ce qui concerne le voyage dans le temps). A cela s’ajoutent des ficelles un peu trop visibles qui amènent les spectateurs à deviner le scénario du film assez rapidement.
En parlant de personnage raté, Captain Marvel s’en tire le mieux puisqu’en n’étant pas développée du tout, elle n’est au moins pas dénaturée comme le sont Thor et Hulk. Ces deux personnages, pourtant toujours plus ou moins sérieux, sont transformés en farce, tout simplement, annihilant au passage tout sentiment de gravité que le film essaye de mettre en place. Thor est transformé en beauf affligeant, et Hulk se comporte comme un adolescent qui fait des dabs. Clairement, le développement des personnages n’a pas été clément pour tous, ce qui est dommage quand on voit le traitement pertinent de certains personnages comme Captain America ou Iron Man.
La fin d’une époque
Avengers Endgame se révèle donc être un film émouvant pour ceux qui ont suivi tout cet univers pendant onze ans. Il conclut le plus grand arc narratif développé au cinéma avec beaucoup de maladresse. Cependant, impossible après avoir suivi tous ces personnages des années durant de ne pas verser une petite larme en voyant la fin d’un univers qui aura attiré beaucoup d’entre nous dans les salles obscures pour suivre leurs aventures. Avengers, séparation.