Après une terrible tragédie, la famille Deetz revient à Winter River. Toujours hantée par le souvenir de Beetlejuice, Lydia voit sa vie bouleversée lorsque sa fille Astrid, adolescente rebelle, ouvre accidentellement un portail vers l’Au-delà. Alors que le chaos plane sur les deux mondes, ce n’est qu’une question de temps avant que quelqu’un ne prononce le nom de Beetlejuice trois fois et que ce démon farceur ne revienne semer la pagaille…

Beetlejuice, le deuxième long-métrage de Tim Burton, est sorti en 1988. Il faut revenir quelques décennies en arrière pour comprendre l’impact majeur qu’a eu ce film sur la pop-culture. Tim Burton exposait avec un talent inouï sa passion pour le gothique, le macabre et la comédie fantastique, autant d’arguments qui lui permettront d’asseoir sa notoriété. Malheureusement, le réalisateur semble empêtré dans un mélange de paresse et de manque d’imagination, la créativité insensée qui faisait tout son sel étant aux abonnés absents depuis la fin des années 2010 et son beau et macabre Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street. La suite est un ensemble de long-métrages assez insipides et sans fulgurance. La suite de Beetlejuice est évoquée depuis 1990, avec des signaux positifs de la part de Winona Ryder, Michael Keaton et Tim Burton depuis 2013. Il aura fallu 36 ans pour que le réalisateur accouche enfin de cette suite tant désirée, à l’heure où les cinéphiles se questionnent sur le bien-fondé de cette avalanche de suites tardives, préquelles et autres spin-off.

Mais concrètement, Beetlejuice Beetlejuice, ça vaut quoi ?

Fibre nostalgique activée puissance 1000

Les retours sont partagés, entre les fans de la première heure qui sont déçus, ceux qui sont conquis, ceux qui ont adoré. Le film n’est pas exempt de défauts (évoqués plus bas) mais ce qui est certain, c’est que Burton a su réactiver une douce nostalgie perdue depuis bien longtemps. Pour votre rédacteur, la projection a été diablement efficace, un véritable plongeon dans mon enfance des années 90 imbibée de films fantastiques, de Spielberg à Carpenter, en passant évidemment par Burton.

Le plaisir de retrouver la famille Deetz, plus déjantée que jamais, et le cadre morbide et gothique de Winter River, est immense. Winona Ryder a (bien) vieilli avec son personnage, toujours aussi illuminée, quand Catherine O’Hara atteint des sommets d’hystérie jubilatoire. Les deux actrices du film original sont accompagnées par Jenna « Wednesday » Ortega, qui fait parfaitement le travail, dans une partition de post-ado effrontée assez similaire à celle de la série. Jeffrey Jones ayant été banni d’Hollywood suite à une affaire sordide d’images pédo-pornographiques, le traitement accordé au personnage de Charles Deetz est très rafraichissant et dans la plus pure veine burtonienne, sous forme d’un excellent cartoon directement adapté d’un cauchemar du réalisateur. La palme du bonheur régressif revient évidemment à Michael Keaton, dont la performance aussi macabre que rafraichissante nous replonge directement en 1988 : non, Beetlejuice n’a pas changé, il est resté le même fantôme déluré et excentrique et c’est un vrai régal.

Quant au monde de l’après-vie, c’est tout simplement le plus gros point fort de Beetlejuice Beetlejuice. On retrouve l’univers glauque et loufoque que l’on avait laissé en 1988, agrémenté de quelques idées franchement rafraichissantes (le Soul Train, quelle trouvaille), de belles tranches de rigolade et d’une galerie de personnages succulents, Willem Dafoe en tête dans la peau d’un ancien acteur mort, devenu flic dans l’au-delà. 

Quelques effets spéciaux pour le moins… surprenants, et d’importantes faiblesses scénaristiques.

Beetlejuice Beetlejuice ne manque jamais de rythme mais pâtit d’un scénario assez bancal, son plus gros point négatif à mes yeux. En effet, le spectateur est promené d’une historiette à l’autre, résultant en un défaut de cohésion finale et un bâclage regrettable de plusieurs pans du film. Le personnage interprété par Monica Bellucci en est l’exemple le plus évident, surtout vu le soin extrême apporté à la première apparition de ce personnage, magnifique fiancée de Frankenstein tout droit sortie des Noces Funèbres. Un rôle taillé sur mesure à sa compagne par Tim Burton, qui méritait surement mieux que le traitement assez expéditif qui lui est finalement réservé.

Par ailleurs, le long-métrage s’appuie parfois sur des effets spéciaux pour le moins surprenants, à trop vouloir caresser la fibre nostalgique du spectateur. En témoigne notamment une scène tournée sur fond vert assez grotesque en 2023.

Au final, Beetlejuice Beetlejuice est, malgré son scénario mal dégrossi, un très beau film de Tim Burton, qui signe à mon sens sa plus belle œuvre depuis Les Noces Funèbres (2005). Le casting est impeccable, porté par un Michael Keaton des grands soirs, plus espiègle que jamais. Le monde de l’après-vie est un pur bonheur, plein de fun et d’ingéniosité. Je suis sorti du cinéma avec l’envie de revoir le film original et de retourner voir cette suite que l’on attendait plus. Ma note : 4/5.