Un bon western à l’ancienne

Dès les années 70, après 20 ans de règne au cinéma grâce à John Wayne, Clint Eastwood et Sergio Leone, les westerns deviennent ringards et sombrent dans la désuétude, malgré la sortie de l’excellent Impitoyable de Clint Eastwood en 1992. En 2003, le vent tourne grâce à Kevin Costner et son Open Range, et cette année, en l’an de grâce 2024, Costner relance le genre du western avec sa saga Horizon.

Une vraie vision et un vrai savoir-faire d’auteur

S’il a prouvé à plusieurs reprises qu’il est excellent acteur, Kevin Costner prouve une fois de plus qu’il est un brillant réalisateur.

Il suinte la classe!

Sans avoir à recourir à des gimmicks de mise en scène comme le feraient Martin Scorsese, Sam Raimi ou Joe Dante, Kevin Costner a une vision ça se voit! Il met énormément de souplesse dans sa mise en scène, avec des plans amples, des plans qui respirent, même dans les moments de tension et de panique.

Avec la scène du raid des Apaches sur le village au début du film, il concilie habilement dynamisme et souplesse (contrairement à certains réalisateurs comme Denis Villeneuve, qui semble ne pas savoir comment construire une mise en scène dynamique proprement avec Dune Partie 2 qui cut dans tous les sens)

Un récit qui prend son temps

Avec une grande fresque comme Horizon, il est impensable d’avoir une intrigue qui va à 200 à l’heure, surtout si elle est divisée en plusieurs chapitres. Kevin Costner semble avoir pensé Horizon comme un gigantesque feuilleton cinématographique, et ce premier chapitre sert d’épisode pilote. Il n’y a pas tellement de scénario, seulement l’exposition et la mise en place d’un ensemble, d’un univers, de nombreux personnages. Il serait donc malvenu de juger sévèrement le scénario. Comme quoi, un film qui n’a pas de scénario n’est pas nécessairement mauvais (Lady Bird, The Big Lebowski, Mad Max: Fury Road)!

La magnificence et le symbolisme des paysages de l’Ouest Américain

Qui dit mise en scène ample dit sens de la photographie, et avec Horizon, on est servis! Le directeur de photographie J. Michael Muro, dont la carrière a débuté en 2003 avec, coïncidence, Open Range de Kevin Costner, retransmet avec un sens de l’esthétique l’immensité des espaces de l’Ouest, des canyons arides de l’Arizona et du Kansas aux forêts enneigées du Wyoming, captant leur splendeur comme leur implacabilité.

Ces plans sont tellement beaux, j’ai envie de les imprimer sur papier glace et de les encadrer chez moi!

Cas de figure: Les canyons

Au Far-West, les canyons sont des paysages récurrents. C’est normal, ils sont typiques des États du Sud-Ouest comme l’Utah, l’Arizona, le Kansas et même le Nouveau-Mexique. Mais que symbolisent-ils dans Horizon?

Les canyons sont des repaires de prédilection pour les Apaches, comme on peut le voir au début du film, lorsque Pionsenay, le jeune Apache qui a mené l’assaut de sa tribu sur le village au bord de la rivière, se fait sermonner par son chef. La tribu est réunie dans un canyon.

On notera que le terrain, qui abritait le village attaqué (désormais en ruines) et qui est au centre de l’intrigue, puisqu’il s’agit du fameux terrain Horizon dont les prospectus apparaissent partout dans le film, est entouré de canyons. Il en est de même bien plus tard lorsque le convoi de bétail mené par Luke Wan Weyden (Luke Wilson) aperçoit un Amérindien (probablement un Cheyenne ou un Arapaho) en haut d’un canyon (d’ailleurs, le premier plan qui le représente, d’une beauté à couper le souffle, a été utilisée comme logo pour la nouvelle société de production de Kevin Costner, Territory Pictures).

On est partagés entre fascination et inquiétude.

En réalité, les nombreux protagonistes du film, aussi intéressants soient-ils (comme Hayes Ellison, Marigold et le sergent-major Riordan) n’ont pas (encore) de véritable importance dans cet opus, le protagoniste du film est l’Ouest des États-Unis, à la fois beau et impitoyable, un objet de convoitise pour les pionniers américains comme pour les Apaches.

Conclusion

Par son sens de la cinématographie et de la narration, Kevin Costner, aussi classe devant que derrière la caméra, nous rappelle, avec une grande fresque sous-cotée et injustement délaissée, comment doit être fait un film et surtout ce qu’est réellement le Cinéma!

Allez le voir! Il ne mérite pas le flop commercial qu’il connaît, alors montez sur vos canassons, mettez vos chapeaux, et YA!

Synopsis

Une mère et sa fille réfugiées dans un camp militaire après un raid d’Apaches sur leur village de l’Arizona, un convoi de bétail à l’arrêt dans le Kansas, un cowboy protégeant une femme et un bébé dans le Wyoming, mais surtout une nouvelle terre pour les pionniers: Horizon.