Critique : Cela fait un bon moment que l’on connaît Zhang Yimou en tant que grand esthète du cinéma chinois, notamment après la visibilité mondiale que lui ont attirée « Hero » et « Le secret des poignards volants » il y a plus de 20 ans. Plus récemment, on repense à son « Shadow », sorti en 2018 déjà chez Metropolitan et dont les nuances de couleurs permettaient de mettre en avant les enjeux du récit. C’est justement cette élégance visuelle qui distingue « Les espions de l’aube », disponible depuis peu en édition physique.
Ce récit d’agents spéciaux confrontés à l’hostilité de leur lieu de mission dispose ainsi d’un certain raffinement dans son imagerie, la reconstitution d’époque semblant absolument sans faille. Il en sort un classicisme visuel qui s’oppose aux dangers inscrits dans le récit, développant un certain contrepoint intéressant d’un point de vue tonal. Il n’y a également rien à redire au niveau du casting, habitant assez leurs personnages pour accentuer cette crédibilité de fond et de forme dans une intrigue bien construite et sans aucun doute des plus passionnantes.
Si l’on ne peut évidemment pas faire l’impasse sur l’aspect propagandiste du film (qui l’assume totalement dans ses crédits), le côté cinématographique de ce « Cliff Walkers » (le titre original) reste toujours indéniable de la part de Zhang Yimou. Le metteur en scène perpétue sa maîtrise visuelle renversante dans un film qui profite grandement de sa présence. C’est en effet par cette apparence d’objet élégant et classique à souhait que « Les espions de l’aube » parvient à insérer une tension et une crainte, rendant son histoire d’autant plus prenante par pareille approche stylistique.
Résumé : Années 1930, État du Manchukuo. Quatre agents spéciaux du parti communiste formés en Union Soviétique se lancent dans une mission secrète dont le nom de code est « Utrennya ». Mais après avoir été vendue par un traître, l’équipe se retrouve entourée de menaces de toutes parts. Les agents sortiront-ils de l’impasse et rempliront-ils leur mission ?