Terry Richmond, un ancien Marine, se rend dans la ville de Shelby Springs pour y déposer la caution pour faire libérer son cousin. Mais toutes les économies de Terry sont injustement saisies par la police locale dirigée par le chef corrompu, Sandy Burnne. Terry va cependant pouvoir compter sur l’aide de la juriste Summer McBride. Ils vont mettre à jour une vaste conspiration généralisée au sein de Shelby Springs. Terry va tout tenter pour récupérer l’argent de la caution.

Jeremy Saulnier fait partie de ces réalisateurs de cinéma indépendant à suivre de près. Après les suffocants Blue Ruin (2013) et Green Room (2015), il s’est tourné vers Netflix pour produire Aucun homme ni dieu (2018), un thriller nihiliste aussi beau que désespéré.

Cela faisait cinq ans qu’on attendait le prochain film du prodige américain, qui revient sur Netflix avec Rebel Ridge qu’il a écrit et réalisé. Au casting. : le jeune britannique Aaron Pierre, (vu dans Old de M. Night Shyamalan ou encore la série Underground Railroad), Don Johnson, AnnaSophia Robb, David Denman et James Cromwell.

Un début qui ne tergiverse pas, sur fond de violences policières et de corruption

Le film rentre immédiatement dans le vif du sujet avec l’arrestation très musclée de Terry. L’injustice dont il est victime fait immédiatement planer le spectre d’une police violente et toute-puissante. Terry réalise rapidement (et nous avec) que la corruption règne au sein des instances dirigeantes de Shelby Springs de façon tentaculaire. Le système judiciaire est aussi pourri que la police et la situation de notre héros semble inextricable.

Jeremy Saulnier n’a pas son pareil pour faire sourdre le malaise et monter progressivement la pression. L’histoire de cet ancien marine qui se heurte à des institutions pourries et rétrogrades n’est pas sans rappeler le premier volet de Rambo, même si jamais elle n’atteint les sommets de violence et de pessimisme du film porté par Sylvester Stallone.

Un casting impeccable et des scènes d’actions tendues

Aaron Pierre excelle dans le rôle de cet ancien militaire déterminé à ne pas se laisser rouler dessus. Il dégage une grande sérénité ainsi qu’une sensation de force tranquille qui peut à tout moment devenir hors de contrôle. Don Johnson trouve encore un rôle de salopard qui lui va comme un gant, il transpire la méchanceté et l’intelligence calculatrice dans la peau d’un shérif corrompu. AnnaSophia Robb est quant à elle très convaincante en jeune juriste fragile au passé familial délicat. Enfin, l’inoxydable James Cromwell nous gratifie de quelques apparitions toujours succulentes. 

Les quelques scènes d’action sont redoutables d’efficacité et donnent un coup de boost quand le film baisse en tension, ce qui est un de ses deux principaux défauts.

Une intrigue tortueuse et un final convenu

Malheureusement, le long-métrage pâtit de l’enchevêtrement de plusieurs histoires et nous perd parfois en route. Le final, après une dernière scène d’action particulièrement stressante, est assez décevant, la faute à un deus ex machina invraisemblable et sorti de nulle part. 

Rebel Ridge est un western urbain intelligent et bien ficelé qui sert surtout de prétexte à une critique acerbe du système judiciaire américain. S’il souffre d’une narration parfois erratique et d’un final estampillé Netflix, le message est riche, porté par un casting remarquable et une réalisation ciselée par un cinéaste toujours pertinent.