Peu habitué au cinéma d’Arnaud Desplechin, je me suis risqué à visionner son incursion dans le thriller social en plein cœur d’une région Nord sinistrée. Et je n’ai pas été déçue tant le film multiplie les caricatures d’une misère sociale vue par le petit bout de la lorgnette d’un réalisateur vivant dans un monde parisien trop bobo pour être honnête. La belle brochette d’acteurs s’en donne à cœur joie dans un pseudo-réalisme en carton patte. D’où provient cette impression de forfaiture? Difficile à dire.
Des jeux d’acteur entre réalisme et éloignement de la réalité
Roubaix une lumière s’inspire d’un fait réel. Deux jeunes femmes ont assassiné une veille dame dans des circonstances troubles au début des années 2000 dans un quartier de Roubaix. Le réalisateur part de ce canevas dramatique pour tenter de faire ressentir l’atmosphère d’errance d’une population comme laissée à l’abandon. Pour cela, il s’appuie sur les policiers mi-poètes mi-philosophes bien obligés de faire respecter la loi. Entre un Roshdy Zem issu du quartier et devenu commissaire et un Antoine Reinartz catapulté là et un peu perdu, la vie policière quotidienne est romantisée à mort, avec ses volutes de cigarettes, ses longs moments de méditation intérieure et cette lourde sensation de ne pas pouvoir faire grand chose. Des intrigues secondaires s’adjoignent à l’enquête principale pour tenter de dévoiler les problématiques de la vie dans une région sinistrée. Mais quand une vieille dame est retrouvée morte, le commissaire a des soupçons et cible un couple de jeunes demoiselles désœuvrées, entre alcoolisme, drogues et somnifères. Et là, le spectateur se pose des questions. Car Léa Seydoux et Sara Forestier font des prolos bien peu crédibles. Pour la première, c’est une sorte de fatalité de classe. On ne peut pas passer de James Bond ou Disney à Roubaix sans éveiller les soupçons, c’est inévitable. Sans évoquer son patronyme, ce serait trop facile. Pour la seconde, malgré de beaux efforts dans les fautes de grammaire et de syntaxe, elle surjoue son rôle de nana perdue. La scène de garde à vue est un modèle du genre, étirée au maximum pendant de très longues minutes pour tenter de faire passer un malaise malhabile. Comme tout sonne faux, le spectateur en vient à se lasser autant de la peinture de la misère sociale que de l’enquête proprement dite.
Peut-être étais je condamné dès le départ à ne voir que les défaut du film, la faute à des soupçons sur l’honnêteté de la proposition cinématographique. De lumière, il n’en a pas été vraiment question pour moi tant le film sonne faux et maladroit.