Les difficultés de la vie de jeune adulte
Peter Parker cumule deux emplois, dont un qu’il perd après avoir livré des pizzas en retard, peine à maintenir le cap à l’université (sa moyenne baisse, les retards et absences s’accumulent et il n’a pas encore rendu son exposé au Dr. Curt Connors) et combat le crime, mais surtout il vit seul dans un appartement au cœur de New York, loin de sa chère tante May (Rosemary Harris) et de sa maison dans le Queens, et il a un mois de retard dans le paiement de son loyer, réclamé avec insistance par M. Ditkovitch (Elya Baskin).
Bref, il n’a pas une vie pépère.
Alvin Sargent, le scénariste prenant la suite de David Koepp après le premier volet, met l’emphase sur la vie d’adulte de Peter Parker et l’amenuisement de ses pouvoirs. C’est beaucoup plus un film sur Peter Parker lui-même, en tant que jeune adulte qui peine à réellement prendre sa vie en main, que sur l’Homme-Araignée. Durant une grosse partie du film, alors que ses pouvoirs s’estompent et disparaissent, Peter abandonne son costume et son identité de super-héros. C’est avec une histoire comme celle-là que je me dis que j’aurais beaucoup aimé avoir un arc de Spider-Man écrit par Alan Moore, dans la veine de Batman: The Killing Joke ou de son itération de Radioactive Man, passé de super-héros à la Superman à critique de jazz accro à l’héroïne, et qui n’est même pas radioactif.
Sam Raimi pousse les potards à fond
En comparaison avec le premier opus, Sam Raimi a l’air d’être beaucoup plus à l’aise et inspiré. Les scènes d’action sont pour la plupart mieux chorégraphiées, la patte artistique du réalisateur d’Evil Dead est beaucoup plus palpable.
Bon nombre de ses gimmicks reviennent comme les angles néerlandais, certains zooms et travellings avant survoltés, des gros plans sur des visages hurlants, et trois scènes sont les meilleurs exemples de la fulgurance de Sam Raimi dans Spider-Man 2.1:
Cas de figure 1: L’éveil du Dr. Octopus à l’hôpital
La meilleure scène du film! Sam Raimi s’est lâché à donf! Les aficionados de son cinéma, quand ils ont vu le film pour la première fois, ont sûrement immédiatement cerné l’hommage à Evil Dead 1 et 2. Le contraste clair-obscur, les angles et mouvements de caméra, Sam Raimi est dans son élément, il part en roue libre (Dans le bon sens du terme) et prend un malin plaisir à filmer l’éveil du Docteur Octopus comme un film d’horreur, pour notre plus grand plaisir.
Vous trouvez que l’hommage à Evil Dead n’était pas assez évident? Alors regardez cette TRONÇONNEUSE!!!
Cas de figure 2: L’attaque de la banque
Si la scène de l’hôpital est un jouissif sursaut d’horreur, celle de l’attaque de la banque est une des deux meilleures scènes d’action du film. Pour quelqu’un dont l’action n’est pas la spécialité, Sam Raimi sait la filmer (Il avait déjà Darkman et Mort ou Vif à son actif, ce qui l’a bien aidé), et on n’est pas sur du tout numérique, comme dans les films du MCU depuis plusieurs années. D’ailleurs, les bras du Docteur Octopus sont une combinaison d’effets pratiques et de numérique. Pour un film sorti il y a 20 ans, il ne prend pas une ride!
En plus du charisme d’Alfred Molina, les bras mécaniques d’Octavius sont menaçants (D’ailleurs, la grosse pique qui sort d’un des bras est une idée de Sam Raimi).
On a même droit à un autre sursaut d’horreur, avec ce très court passage!
Ça, c’est peut-être un de mes plans préférés du film!
Juste une caméra fixe, avec une nénette blonde qui hurle de peur en voyant le Docteur Octopus et se rue vers la caméra en hurlant comme dans un film d’horreur!
Cas de figure 3: Le métro aérien
Même chose que pour la scène de la banque! La confrontation entre Spidey et Doc Ock sur le toit du métro est juste dantesque! Voilà. Je ne vais pas paraphraser. Cette scène est cool!!!
Pour la première fois, le visage de Spider-Man est révélé au grand jour! Et les passagers du métro font preuve d’héroïsme. Spider-Man et New York ne font qu’un!
Plus sérieusement, c’est assez émouvant de voir la réaction des passagers du métro quand ils voient le visage de Peter Parker. « C’est juste un gamin.«
Cas de figure 4: La hantise de Harry Osborn
Après avoir découvert que Spider-Man n’est autre que son meilleur ami Peter Parker, Harry Osborn est au fond.
Ça ne se voit pas très bien sur l’image, mais dans ce passage, la caméra bascule en angle néerlandais incliné à gauche, puis à droite. C’est peu, mais c’est assez visible et considérable pour le souligner.
J. Jonah Jameson et la rédaction du Daily Bugle, des scènes d’humour en or
J. Jonah Jameson, le patron du Daily Bugle, est une mine de punchlines et de répliques cultes, peu importe lequel des trois volets! Je vous propose donc ses répliques les plus drôles dans le 2:
« Jonah: Très bien, passez une photo d’un poulet avarié! Voilà le titre: Intoxication alimentaire, la ville panique!
Hoffman: Quelqu’un a été empoisonné?
Jonah: Je commence à avoir la nausée, pourquoi?«
« Jonah: HOFFMAN!!!
Hoffman: Oui?
Jonah: …Comment on va appeler ce gars?
Hoffman: Euh… Docteur Octopus!
Jonah: Huh, minable!
Hoffman: La pieuvre par 9!
Jonah: Minable!
Hoffman: Doctor Strange!
Jonah: Ah ça, c’est mieux! Mais c’est pris! MINUTE, ça y est! Docteur Octopus!
Hoffman: Euh… j’adore.
Jonah: Évidemment!«
« Jonah: Parker! Je vous ai cherché toute la matinée! On vous a coupé le téléphone? Un savant fou perd la boule et on n’a même pas de photo!
Robbie: Paraît que Spider-Man était là.
Jonah: Vous étiez où, à photographier les écureuils? Vous êtes viré!
Betty: Chef, la fête au planétarium!
Jonah: Ah oui! Vous êtes déviré, revenez! Vous savez quoi de la haute société?
Peter: Oh… eh ben, je…
Jonah: Ne me répondez pas! Mon photographe mondain s’est fait assommer par une balle de polo. J’ai pas trop le choix! Grande fête pour un Américain héroïque, mon fils, l’astronaute!
Peter: Vous pourriez me payer d’avance?
Jonah: (Énorme rire qui a fait le tour d’Internet) Vous êtes sérieux? Vous payer pour quoi? pour respirer? Planétarium, demain soir, 20h, la porte est là.«
« Chérie, on organise un mariage, pas un dépôt de bilan! Du caviar?! Pourquoi, on invite le tsar?! Du fromage, des crackers et un assortiment d’apériboules! […] Des fleurs, chères? Dépense un dollar de plus et t’auras qu’à cueillir des pissenlits sur ma tombe! Du plastique!«
« Spider-Man était un héros. Je regrette, je n’ai pas su le voir. C’était un… un voleur! Il m’a piqué mon costume! Votre fidèle serviteur l’araignée, mais c’est une menace pour la ville entière, oui! Qu’on poursuive en justice ce grimpeur de murs arachnéen! Je vais le faire pendre à sa toile par les pieds!«
Les caméos de la bande à Sam Raimi
J’aime souligner la présence de Ted Raimi et de Bruce Campbell, et de l’Oldsmobile jaune caca d’oie et à toit blanc, ces trois éléments contribuent à rendre le film identifiable en tant que film de Sam Raimi, notamment dans les franchises, avec la trilogie Spider-Man, Le Monde Fantastique d’Oz et Doctor Strange in the Multiverse of Madness.
Un caméo subtil
Non, je ne parle pas de l’apparition de Stan Lee à la banque ou de Bruce Campbell au théâtre. Dans ce plan où apparaît Mary-Jane en train de courir dans Central Park, un homme se retourne derrière elle. Vous ne savez pas qui c’est? Non? Il s’agit, ni plus ni moins, de Frank Castle, alias le Punisher, censé être incarné par Thomas Jane. Mais ce n’est pas lui ici, il avait piscine, c’est sa doublure qui fait ce caméo.
Et là, vous êtes peut-être en train de vous demander: Mais qu’est-ce qu’il fout là, le Punisher? (Non, vous êtes plus probablement en train de vous dire « OH LE DÉLIRE!!! »)
Eh bien, Spider-Man 2 et le film The Punisher, réalisé par Jonathan Hensleigh, sont sortis la même année, en 2004.
La première apparition de l’anti-héros vengeur créé par John Romita Sr, Ross Andru et Gerry Conway remonte à un numéro de The Amazing Spider-Man publié en 1974 (Il y a 50 ans!), et il faisait face à l’Homme-Araignée. Il a été question d’un crossover, un film qui verrait une rencontre entre Spider-Man et le Punisher, comme dans les comics, et donc d’une collaboration entre Lionsgate, à l’époque les ayant-droits du Punisher, et Sony Pictures, sous la houlette de Marvel, mais le projet n’a pas pu se faire.
Conclusion
Récit plus profond et plus mature, mise en scène bien plus inspirée, antagoniste aux bonnes intentions mais aveuglé, contrôlé et redoutable, scènes d’horreur et d’action mémorables, Spider-Man 2.1, tout en assurant avec cohérence la continuité du premier volet, fait tout aussi bien voire mieux que son prédécesseur et s’impose comme un des meilleurs films de super-héros de l’histoire du cinéma et une vraie proposition de cinéma. Faites juste attention à ne pas livrer les pizzas de M. Aziz (Aasif Mandvi) à la bourre et à payer votre loyer à M. Ditkovitch dans les temps. Et regardez la version longue. Jonah Jameson dans le costume de l’Araignée, ça n’a pas de prix!
Synopsis
Peter Parker (Tobey Maguire), à cheval entre la fac, son job de pigiste pour le Daily Bugle et un job de livreur de pizzas qu’il perd rapidement, peine à concilier sa vie normale et ses pouvoirs de Spider-Man. Entretemps, le Dr. Otto Octavius (Alfred Molina), un scientifique avec lequel a sympathisé Peter Parker, met au point des bras mécaniques pour lui permettre de manipuler une source d’énergie aussi puissante que le soleil. Seulement voilà, les bras mécaniques font des siennes et contrôlent Octavius, qui passe du côté obscur et devient le Docteur Octopus.