Une production cauchemardesque pour Sam Raimi
Sam Raimi n’a jamais voulu introduire Venom dans le film. Seuls l’intéressaient Harry Osborne et l’Homme-Sable. Avi Arad lui a imposé le personnage d’Eddie Brock et le symbiote. Pas cool, Avi! Il a été très très TRÈÈÈS insistant, TROP!!! Un enfer pour Sam Raimi, et malheureusement ça se voit.
Le film tel que nous le connaissons, sorti au cinéma, a été amputé de plusieurs passages importants et intéressants et a connu des reshoots et des retouches pas forcément nécessaires. Certaines scènes avec Flint Marko, alias l’Homme-Sable, ont été coupées, comme une avec le médecin de sa fille, le Dr. Ralph Wallace, et une avec sa fille dans un parc, ont été coupées au montage. Dommage.
Sam Raimi pas au top
J’ai connu Sam Raimi plus inspiré, et passé après le 2, la différence se fait grandement ressentir. Dans Spider-Man 2, on sent qu’il se donne à fond et qu’il prend son pied:
La scène à l’hôpital, filmée dans l’esprit d’un film d’horreur, suinte de son style et n’est pas sans rappeler Evil Dead, l’allumage des bras mécaniques du Dr. Octopus est un hommage à L’Armée des Ténèbres, les idées et fulgurances de mise en scène s’accumulent, notamment dans les scènes de la banque et du métro!
Dans Spider-Man 3, la mise en scène de Sam Raimi manque de mojo. Pourtant, avec l’atmosphère sombre et fantasque liée au symbiote et au caractère monstrueux horrifique de Venom, il y avait de quoi faire des plans à la Evil Dead et à la Darkman, voire Intuitions.
Je regrette même l’absence de Danny Elfman, qui s’est contenté des thèmes. La présence de Christopher Young s’explique par le fait, déjà que Sam Raimi et Danny Elfman se sont brouillés pendant la production de Spider-Man 2 et ne se sont réconciliés qu’à l’époque du Monde Fantastique d’Oz (Comme avec Tim Burton à l’époque de L’Étrange Noël de Monsieur Jack), et qu’il est un habitué du cinéma d’horreur et fantastique (D’ailleurs, la même année, il a composé la partition de Ghost Rider) et donc que ça colle avec l’atmosphère du film, mais il n’a pas cette alchimie avec Sam Raimi, ça contraste en comparaison, ça manque d’inventivité.
Son professionnalisme se ressent même dans sa façon de penser Venom, à savoir le plus humain possible (le symbiote étant une créature extraterrestre et donc non-humaine, c’est ce qui a valu la divergence entre Sam Raimi et Avi Arad), à grand renfort d’effets pratiques, un animatronic et un costume pour Tobey Maguire et Topher Grace (Le truc juste impensable aujourd’hui dans une production estampillée Marvel).
Malheureusement, Spider-Man 3 a été la goutte de trop pour Sam Raimi, qui a décidé d’arrêter les films de super-héros pendant 15 ans, jusqu’à ce qu’il réalise Doctor Strange in the Multiverse of Madness.
Un récit plein de potentiel
Le scénario de Spider-Man 3 présente plusieurs arcs et enjeux: L’amitié fortement fragilisée entre Peter Parker et Harry Osborn, la hantise de la mort de Ben Parker, la vie de couple de Peter Parker et Mary-Jane Watson, la rivalité entre Peter Parker et Eddie Brock et par-dessus tout le basculement de Peter à cause du symbiote. Cet arc-là, avec la vie de couple entre Peter et MJ, a des lacunes, notamment à cause d’une scène:
Cas de figure 1: La scène du club de jazz: Mais mais mais mais mais quoi?!
Je n’avais jamais réagi négativement ou bizarrement devant ce passage, mais en revoyant le film au cinéma, j’ai déchanté. Le basculement violent de Spider-Man à cause du symbiote n’est pas du tout pris au sérieux. Peter Parker joue du piano et improvise une danse endiablée avec Gwen Stacy (Bryce Dallas Howard), mais whaaaat?!
Là, Peter fait le con! Autant la petite danse marrante devant le magasin de vêtements, c’est rigolo parce que c’est pensé comme un gag et c’est devenu culte, autant la danse dans le club de jazz avec Gwen Stacy, c’est juste débile.
Venom et le symbiote, pas bête, fascinant, même
N’en déplaise à Sam Raimi qui a été obligé de l’insérer sous l’impulsion d’Avi Arad, le personnage de Venom, et par extension le symbiote, est un antagoniste très intéressant pour l’Homme-araignée et colle très bien avec son style.
L’arc du costume noir, le thème du double par rapport aux deux costumes et au comportement de Peter, c’est un terreau fertile pour une intrigue et des enjeux riches.
Cas de figure 1: La scène de l’église
Ce passage fait montre d’une exploitation pertinente du thème du symbiote et de brillantes idées de mise en scène.
Cette façon viscérale de Peter d’arracher son costume, qui redevient le symbiote lui-même et qui essaie de s’accrocher à sa peau, c’est presque du body horror!
Ce magnifique contraste clair-obscur digne de Mike Mignola montre la victoire et le salut de Peter, qui, la tête et le buste hors de l’ombre, a repris les choses en main en se débarrassant du symbiote.
L’arc du symbiote aurait pu être parfait avec la version originale du combat final dans l’immeuble en construction:
Cas de figure 2: Ce que devait donner la fusion entre Eddie Brock et le symbiote
Dans la mesure où Sam Raimi le voulait le plus humain possible, il n’était pas question que Venom soit la grosse bête qui fait deux têtes de plus que Spider-Man. Pour ce faire, il a misé en premier lieu sur des effets pratiques, et un animatronic de Venom a été construit. D’ailleurs, dans la bande-annonce, on peut voir ce fameux animatronic (recouvert par le symbiote, 100% numérique, dans le film).
Mais l’animatronic ne marchait pas bien, donc des costumes avec rembourrage (Beh oui, Venom est censé être plus imposant que Spider-Man) ont été créés pour Topher Grace. On ne va pas se mentir, il est plus effrayant sans les ajouts numériques (La langue et les dents).
Cependant, on ne voit pas tout le temps Eddie Brock sous l’apparence de Venom, on le voit de temps à autre se montrer à visage découvert, avec des dents acérées et le symbiote sur son visage. Certains concept-arts montraient la fusion entre Eddie et le symbiote de façon beaucoup plus viscérale, proche du body horror. Ça vend du rêve, n’est-ce pas?
Cas de figure 3: La fin originelle de Venom
Je le rappelle pour les deux du fond qui n’ont soit jamais vu le film soit plus vu depuis un bail:
À la fin de Spider-Man 3, Peter Parker est piégé par la toile de Venom. De grandes barres de fer tombent en s’entrechoquant et en produisant de très fortes ondes sonores, ce qui perturbe et affaiblit le symbiote, comme la cloche de l’église plus tôt. Peter attrape une poutre en metal brisée et pointue et frappe Venom, ce qui lui permet de se libérer de ses toiles. Venom étant à terre, l’Araignée en profite pour piéger Venom entre les barres de fer, créant un cercle, et frapper toutes les barres avec une autre barre. Neutralisé et incapable de rester stable, le symbiote commence à se détacher d’Eddie Brock. Peter arrache Eddie au symbiote et l’en éloigne, pendant que le symbiote grandit et apparaît à Peter avec la tête de Venom, mais sans véritable corps et avec un nombre incalculable de bras, de tentacules et de griffes. Spidey attrape une grenade citrouille du Bouffon Vert, l’active et la balance sur le symbiote. Eddie, désireux de garder le symbiote, se rue vers la bombe, qui explose avec lui et le symbiote, qui se consume.
Une fin assez convenue pour Eddie Brock, mais sa mort aurait pu être plus effrayante, plus classe et plus en adéquation avec le symbiote.
Beaucoup plus tôt dans le film, Peter ramasse le symbiote après avoir eu son costume noir et l’amène au Dr. Curt Connors (Dylan Baker, que l’on ne verra hélas jamais en Lézard) pour qu’il l’examine. Connors explique à Peter que le symbiote a besoin d’un hôte pour survivre et, plus tard, que le symbiote est un parasite.
Il était prévu initialement que lorsque Peter Parker dissocie le symbiote d’Eddie Brock, il ne reste que le squelette de ce dernier. Le symbiote devait essayer de s’emparer violemment de Spider-Man puis mourir empalé par de nombreuses barres de fer puis explosé par la grenade citrouille du Bouffon Vert. La scène avait déjà été partiellement tournée, mais un reshoot a été nécessaire après un retour négatif, la scène ayant été jugée trop effrayante (Si c’est trop effrayant, c’est qu’il faut la garder!!!).
Conclusion
Fruit d’une divergence entre un réalisateur et un producteur, Spider-Man 3 souffre d’un montage qui n’exploite pas l’entièreté du potentiel de son récit
Synopsis
Peter Parker (Tobey Maguire) file le parfait amour avec Mary-Jane Watson (Kirsten Dunst) et souhaite l’épouser, mais peine à renouer avec Harry Osborn (James Franco), qui cherche à le tuer pour venger son père Norman, alias le Bouffon Vert (Willem Dafoe). Après la première de la comédie musicale de Broadway dont MJ est la vedette, Peter trimballe malgré lui une créature extraterrestre vivante et consciente, le symbiote, qui va altérer son comportement.