Trap marque-t-il le retour en grâce du réalisateur de Sixième sens et Incassable? Après une ribambelle de films au mieux moyens et au pire inconsistants, M. Night Shyamalan s’amuse à brouiller les pistes avec un antihéros vraiment fascinant. En choisissant un père de famille blanc et pompier à la belle gueule au-dessus de tous soupçons, il questionne nos stéréotypes et joue sur l’effet miroir de tous ceux qui ont une trop belle image d’eux-mêmes, c’est à dire nous tous. Et si nous cachions tous en nous une double personnalité, celle que nous voulons renvoyer et celle que nous cachons soigneusement?

Un tour de force jubilatoire

Un père de famille emmène sa fille adorée au concert de son idole ultime, la chanteuse Lady Raven, genre de Beyoncé à la musique aseptisée parfaite pour des ventes mondiales par millions. Josh Harnett était en 1999 la star du film The Faculty, futur immense star programmée pour une carrière fulgurante. Choisi entre 1999 et 2002 par le magazine People comme l’une des stars de moins de 21 ans les plus sexy, il démarre sa carrière de beau gosse en trombe avant de choisir lui-même de ralentir le rythme en 2008. Le voilà de retour dans un rôle d’anti-héros complexe, père de famille modèle côté face, psychopathe tourmenté côté pile. Car Cooper cache en lui-même une double identité façonnée par des traumatismes familiaux enfouis au plus profond de lui. Alors quand il découvre que le concert est en fait un piège pour le capturer, il ne panique pas, il s’amuse même du procédé, sûr de pouvoir en échapper sans dommages, au prix de quelques victimes de plus. Le film suit dans sa première moitié le personnage tenter de s’échapper de la souricière échafaudée par une profiler du FBI. Les spectateurs s’extasient devant son savoir faire tout en frissonnant à l’évocation de sévices qu’il inflige à ses victimes. Corps mutilés, découpés en morceau, sadisme forcené, Cooper est un grand malade, incontrôlable et vicieux. Plus le film avance, plus l’image qu’il renvoie se pose en contradiction avec ce dont est capable le Boucher, surnom donné au personnage par les médias. Pris au piège, il manigance habilement pour sortir de la salle de concert sans éveiller les soupçons. M’interdisant de spoiler une intrigue sacrément bien fichue, je me contenterai de dire que le tueur en série est victime d’un excès de confiance en soi, sorte d’arroseur arrosé oublieux de petits détails… qui n’en sont finalement pas. Croyant contrôler son petit univers, il omet de penser que les autres aussi sont capables de cacher des choses… Le personnage est complexe, sa personnalité est fascinante comme d’autres personnages similaires apparus au cinéma, par exemple Hannibal Lecter ou John Doe. Surtout que pensant être plus intelligent que les autres, il se fait surprendre par plusieurs personnages apparemment incapables de suivre son rythme de pensée, la chanteuse Lady Raven, même sa femme… Dans un sens, ce Cooper représente un peu de chacun de nous, engoncé dans ses principes et incapable de s’en extirper. Méticuleux et appliqué, il omet certaines choses, ce qui conduira à un dénouement somme toute prévisible… mais pas complètement. A noter que Saleka Shyamalan interprète Lady Raven, pas le personnage le moins intéressant du film!

Trap est un plaisir de film tortueux avec au moins 2 twists qui peuvent surprendre, même si beaucoup réussiront à les deviner assez tôt; Shyamalan est-il de retour? Peut être bien…

Synopsis:

30 000 spectateurs. 300 policiers. Un tueur. Cooper, père de famille et tueur en série, se retrouve pris au piège par la police en plein cœur d’un concert. S’échappera-t-il ?