Critique : Comment appréhender notre mort ? Si celle-ci est universelle, il n’en est pas moins terrifiant de se retrouver opposé à une fin inéluctable. La question de vivre et de l’acte même d’exister revient alors nous hanter avec force et conséquences. En réadaptant Tolstoï 70 ans après la sortie du film d’Akira Kurosawa qui reprenait la même base narrative, Oliver Hermanus s’est risqué à l’exercice de la comparaison, pourtant vain au vu du temps qui a passé et du regard sur la conception unique de l’œuvre. Nous pouvons donc affirmer que son film est amplement réussi par ce qu’il raconte sur la confrontation envers la fin d’existence.
En ancrant rapidement le récit dans un Londres d’époque vivant tout en devant se reconstruire, le long-métrage appose une ambiance tout en rappelant une frénésie à laquelle s’oppose l’existence de notre héros. Celui-ci est incarné par un Bill Nighy bouleversant de sensibilité, appuyant l’élégance émotionnelle du film pour mieux rendre tangible ce questionnement sur l’héritage laissé et la façon de réellement être en vie. Il en vient un parfum doux-amer, une atmosphère qui englobe le récit pour mieux émouvoir.
Confiant dans son récit et ses personnages, « Vivre » n’hésite pas à esquiver certaines attentes et à rendre plus fortes encore ses notions dans une histoire extrêmement touchante. Il est dur de ne pas pleurer au vu de la force sentimentale en son sein et sa façon, par la délicatesse de son image, de traiter de l’après avec autant de crainte sourde que de résolution presque réconfortante. C’est un grand film qui sera sans aucun doute redécouvert encore et encore, on n’en doute pas.
Résumé : 1953. Londres panse encore ses plaies après la Seconde Guerre mondiale. Williams, fonctionnaire chevronné, est un rouage impuissant dans le système administratif de la ville qui doit se reconstruire. Il mène une vie morne et sans intérêt, mais tout change lorsqu’on lui diagnostique une maladie grave qui l’oblige à faire le point sur son existence. Rejetant son quotidien banal et routinier, Williams va alors se dépasser et enfin vivre pleinement sa vie.