Critique : Créer est un exercice constamment révélateur. C’est peut-être pour cela qu’il est compliqué par instants d’appréhender certaines intentions ou même de révéler correctement ce qui fait l’artiste derrière ce qu’il ou elle développe. C’est bien évidemment le cas d’un Salvator Dali, habitué à se mettre en scène médiatiquement, le tout en rappelant le génie de son intellect et surtout le pouvoir de fascination qu’il a su exercer avec un irréel et un burlesque qui lui sont propres. On ne pouvait donc imaginer personne d’autre que Quentin Dupieux pour tenter d’approcher au mieux cette figure, que ce soit par son style visuellement reconnaissable ou par la façon dont les imbrications inattendues de scénario permettent de mieux soulever une simplicité d’enjeu.

En effet, derrière l’apparent exercice de style avec différents interprètes à la qualité variable (certains acteurs tirent mieux leur épingle du jeu en Dali), la tentative de questionner l’artiste par le biais d’un personnage extérieur fait mouche. Anaïs Demoustier offre une prestation belle de sensibilité émergeant de cette mécanique de fausse confusion pour mieux souligner son propos de fond. Comment parler de l’artiste et de sa création sans trop se substituer à son esprit, d’autant plus avec une personnalité aussi singulière ? Cette quête permanente de la part de cette jeune journaliste touche subtilement tout en représentant au final la modestie du cinéaste dans ses intentions.

On aurait pu croire faire face à un exercice égocentré où Dali ne serait que le reflet d’un cinéaste au style proche. Mais « Daaaaaalí ! » est bien loin de ça, se révélant in fine un hommage sincère et questionnant le regard que l’on peut porter sur tout artiste et ses créations, au point que celles-ci peuvent même lui échapper. Dans un style toujours aussi reconnaissable mais particulièrement à propos, Quentin Dupieux parle d’art d’une bien jolie manière dans un long-métrage assez réussi par ses intentions.

Résumé : Une journaliste française rencontre Salvador Dali à plusieurs reprises pour un projet de documentaire.