Critique : Ah, l’art de la médiation ! Voilà quelque chose qui s’avère plus essentiel encore de nos jours qu’avant dans une période où la communication se révèle constamment plus rapide que fiable, la faute aux outils qui transmettent rapidement mais pas nécessairement sûrement. Voilà en tout cas une des raisons qui nous ont donné envie de tester cet essai rédigé par François Jullien et disponible depuis plusieurs semaines chez l’éditeur Rue de l’échiquier (dont nous avions déjà souligné la qualité de l’offre littéraire dans diverses chroniques).
Nous serons donc encore positif avec ce court ouvrage (format poche de moins de 100 pages) qui inaugure la collection « Petites flèches » ayant pour but d’aborder des problèmes contemporains de manière philosophique. Si cette approche pourrait effrayer une audience « large », nous pouvons rassurer à notre niveau qu’une fois accroché au principe de cet essai, on se laisse prendre par les réflexions pertinentes qui interrogent et parviennent à questionner notre rapport au compromis et au rapprochement.
« Dénouer : petite philosophie pratique de la médiation » a donc de quoi lancer une belle collection si les ouvrages qui suivent sont de la même teneur. François Jullien donne des clés de compréhension et d’approche passionnantes, permettant dès lors d’aborder la notion de médiation avec un nouvel œil plus que nécessaire dans une période qui aurait besoin de plus d’écoute. Nous sommes donc très curieux de voir les titres qui suivront dans la même orientation intellectuelle.
Résumé : « Sans doute pratiquons-nous la médiation depuis toujours. C’est là, par son besoin impérieux, l’un des plus vieux métiers du monde. Mais peut-être aussi la pratiquons-nous par pragmatisme, trop cantonnés dans l’empirisme, ou bien nous contentant de la bonne volonté qu’elle mobilise. Car savons-nous la penser suffisamment en elle-même, à la fois dans sa logique propre et son art d’opérer ? »
La médiation prend une importance croissante dans nos sociétés. Mais ne garde-t-elle pas un certain flou au dire des médiateurs eux-mêmes ? Qu’est-ce qui résiste donc, en elle, à notre pensée ? Ne sommes-nous pas mieux disposés à penser la figure du Juge qui « tranche » le procès de l’extérieur, de par sa seule autorité ? Plutôt que celle du Médiateur engageant un processus d’où puisse advenir le « dénouement » du conflit ?