Critique : Dans le domaine des sagas qui ont su continuer avec des budgets moindres, « La mutante » se trouve à une position plutôt particulière. S’assumant comme de la grosse série B, les films se trouvent à un équilibre entre thriller, science-fiction et horreur avec une certaine touche de sexualité pleinement assumée. Ainsi, la sortie des quatre films chez BQHL permet de jeter un œil curieux sur cette licence qui a cherché à évoluer avec le temps, tout en se retrouvant prisonnière de ses habits de films clairement bis.
Comme attendu, c’est le premier film, sorti en 1995, qui gère le mieux ses ambitions, notamment grâce à un casting surprenamment qualitatif : Ben Kingsley, Michael Madsen, Alfred Molina ou encore Forest Whitaker, excusez du peu. Disposant de tout ce qu’il faut pour tomber dans du navet grossier, cet opus initial parvient à convaincre étonnamment dans son spectacle assumé, tout en assumant sa large gamme d’influences. Il en sort un bestiau intéressant, à mi-chemin entre son horreur graphique et un ton enlevé, qui en font une série B plutôt amusante. Le deuxième opus parvient à aller dans une direction similaire tout en osant une certaine audace par quelques décisions narratives et visuelles. Et si le film transpire à fond les années 90, il s’en dégage le charme d’une petite bande à l’érotisme aussi ancré que ses envies d’horreur scientifique sans tomber dans le navet facile.
Cette dernière remarque ne s’applique malheureusement pas aux deux autres titres de la licence tant les épisodes 3 et 4 font télévisuels à souhait. Leur sortie directement en DVD limite évidemment le budget et les envies narratives mais, mis à part quelques points amusants comme la lutte entre deux créatures, un certain vide se ressent. On apprécie encore les costumes mutés malgré les limitations visibles mais le tout fait plus cheap et s’assume moins dans son humour comme pouvaient le faire ses prédécesseurs. Dommage tant on aurait aimé une orientation plus marquée et peut-être même plus risquée justement par sa sortie plus mesurée.
Ce qui est sûr en tout cas, c’est que les quatre films parviennent à se découvrir avec le plaisir purement passéiste de la série B un peu datée, et ce dans des éditions assez qualitatives pour que les amateurs du genre prennent leur pied. « La Mutante » transpire une certaine époque avec la ferveur de la série B comme on en fait de moins en moins actuellement. Reste à voir si la saga pourra alors muter vers quelque chose de moderne, l’œil dans les étoiles et l’esprit dans le bis fun.
Résumé : Résultat d’une fusion entre ADN humain et extraterrestre, la sculpturale Sil semble extérieurement beaucoup plus femme que créature d’une lointaine galaxie. Des apparences trompeuses car, après s’être évadée de la prison laboratoire où elle était détenue, elle disparaît dans Los Angeles. Portée par un irrépressible instinct de procréation, Sil multiplie les victimes. Devant le danger qu’elle et ses descendants à croissance rapide représentent, le professeur Xavier Fitch mobilise deux scientifiques, un médium et un tueur à la solde du gouvernement. Ils ne seront pas de trop pour la retrouver et la mettre hors d’état de nuire.