Critique : Les remakes live de films d’animation populaires parviennent à accomplir à chaque fois le même exploit : être des succès publics tout en faisant grincer les dents des fans de l’œuvre originale. Il est évident que les échecs artistiques dans le domaine sont légion, notamment par la difficulté à faire respirer un certain souffle dans la relecture, les studios étant trop inquiets de lasser les fans les plus pointus qui exigent à la fois d’avoir la même chose et de ne pas refaire le film. Les inquiétudes étaient donc nombreuses avec ce « Dragons », bien que la présence derrière la caméra de Dean DuBlois aurait dû mettre la puce à l’oreille sur l’orientation prise par le film. Ainsi, le réalisateur avait déjà exprimé ses regrets sur l’opus original, notamment suite à une production intense, tout en ayant peur qu’une reprise détruise ce qui a été accompli auparavant (cf. « Lilo et Stitch » dont la conclusion mériterait un article entier sur son ratage).

Le résultat parvient donc à surprendre dans sa façon de relire le film original avec une approche assez à propos tout en conservant le souffle de l’original. Le fait même de « raconter à nouveau l’histoire » s’enrichit par plus d’instants de respiration, de temps laissé aux personnages pour mieux exister (à l’instar de quelques protagonistes secondaires un peu plus caractérisés) et permet de tester çà et là d’autres angles ou cadres. Évidemment, certaines personnes parleront de copie carbone pure et simple mais Dean DuBlois se révèle plus subtil dans sa façon de mettre en scène et l’on sent l’envie constante de recréer l’émotion originale sans trop tomber dans la simple photocopie graphique. Il suffit de voir comment certains choix de design diffèrent ou la photo de Bill Pope, qui plonge dans une autre atmosphère ironiquement moins naturaliste que le travail de lumière par Roger Deakins sur le film d’animation.

(from left) Hiccup (Mason Thames) and Night Fury dragon, Toothless, in Universal Pictures’ live-action How to Train Your Dragon, written and directed by Dean DeBlois.

Là se pose alors la question de la pertinence du remake et l’on peut se demander légitimement si le film live peut se placer dans cette catégorie de titre qui mérite sa place. En effet, le long-métrage profite du format live pour expérimenter un peu plus tout en essayant de conserver la moelle émotionnelle du film de 2010 (et y parvient plutôt bien d’ailleurs). Dans une période où les remakes recopient trop facilement et sans comprendre le matériau original, avoir un divertissement qui essaie sincèrement de trouver comment refaire une narration connue tel un équilibriste cherchant à se différencier et rester similaire fait plutôt plaisir.

Il y a une honnêteté dans l’approche remake de ce « Dragons », notamment car Dean DuBlois semble vouloir protéger cet univers et perpétuer son affection sincère. Le film trouve donc des différences subtiles mais surtout des prolongations qui enrichissent un peu plus l’original tout en restant déférent à son égard. On peut comprendre que l’approche puisse déplaire et que l’idée de refaçonner un film vieux d’à peine 15 ans puisse frustrer mais cette version déborde d’une envie et surtout d’un cœur qui font que l’on apprécie l’approche, loin de l’exercice facile.

Résumé : Sur l’île accidentée de Berk, où Vikings et dragons se vouent une haine viscérale depuis des générations, Harold fait figure d’exception. Fils inventif, mais négligé du chef Stoïck la Brute (Gerard Butler), il bouscule les traditions en se liant d’amitié avec Krokmou, une Furie nocturne. Leur duo improbable va révéler la vraie nature des dragons et bouleverser les fondements de la société viking.