Critique : Et si la séparation des frères Coen n’était pas l’une des plus grandes tragédies du cinéma américain contemporain ? Connus pour leur style singulier, les Coen avaient su se démarquer avec talent tout en ouvrant un autre champ de liberté dans un paysage audiovisuel US parfois trop divisé. Voir que Joel et Ethan Coen ont pris des routes différentes aurait pu s’avérer passionnant si leurs chemins n’étaient pas aussi inégaux, à l’instar de ce « Drive Away Dolls », volonté de road trip pop qui fait souvent flop malgré ses intentions compréhensibles.

On sent ainsi un côté très marqué rétro, voulant rappeler le côté burlesque des Coen période années 90, avec une galerie de personnages rocambolesques, une écriture sous acide ainsi qu’une galerie d’acteurs réputés (cf Pedro Pascal présent pour un très court moment). Malheureusement, le tout se vautre constamment, pas aidé par une écriture qui tombe dans le pastiche lourdingue aux personnages pas très intéressants, pour ne pas dire clichés. Tout tourne rapidement à vide et ce qui aurait pu être mordant dans son propos vire vers une paresse assez désarçonnante, à peine contrebalancée par l’énergie de Margaret Qualley et Geraldine Viswanathan dans un duo malheureusement trop déjà vu pour faire des étincelles. Peut-être est-ce là le plus gros défaut du long-métrage : sa manière de convoquer une énergie passée sans savoir réellement ce qui la rendait mémorable, comme un mauvais rappel au goût amer.

Beanie Feldstein stars as « Sukie » in director Ethan Coen’s DRIVE-AWAY DOLLS, a Focus Features release. Credit: Wilson Webb / Working Title / Focus Features

Car c’est comme cela qu’on ressort de ce « Drive Away Dolls », résultat décevant qui ne parvient jamais à être à la hauteur de ses promesses. On peut sauver quelques points çà et là, des intentions éparses et une durée ramassée mais le long-métrage d’Ethan Coen s’avère clairement décevant dans sa façon de ressasser à force de rechercher ce qui fonctionnait avant. On espère que le film trouvera ses grâces chez certaines personnes mais, pour notre part, on en ressort comme d’un bad trip, sans réel plaisir à part des réminiscences de ce qui faisait des Coen des cinéastes toujours attendus au tournant…

Résumé : Écrite par Ethan Coen et Tricia Cooke, cette comédie suit Jamie (Margaret Qualley), une jeune femme libre d’esprit essuyant une énième rupture amoureuse, et Marian (Geraldine Viswanathan), son amie pudique et réservée qui souffre de frustration généralisée, sont en quête d’une bouffée d’air frais. Elles se lancent dans un road trip en direction de Tallahassee, mais leur périple va vite se compliquer quand elles croisent la route d’une bande de truands.

Matt Damon stars as « Senator Channel » in director Ethan Coen’s DRIVE-AWAY DOLLS, a Focus Features release. Credit: Wilson Webb / Working Title / Focus Features