Critique :  Une critique qui devient de plus en plus récurrente quant à la narration de certains films est de les trouver « simplistes » sous prétexte que le point de départ est concis. On pense ainsi à « Mad Max Fury Road » ou encore « Gravity », accusés rapidement d’avoir un scénario « de la taille d’un timbre-poste ». C’est pourtant passer à côté du fait qu’une base narrative simple peut justement charrier pas mal de thématiques s’accrochant à la linéarité du récit. « Exit 8 » fait ainsi partie de ces titres à qui on reprochera sûrement de se limiter à un postulat basique et pourtant, le film de Genki Kawamura parvient à bien exploiter son concept en l’enrichissant thématiquement.

Les premières minutes font penser à une narration vidéoludique par la vue à la première personne, ce qui est en somme assez logique vu qu’il s’agit d’une adaptation du jeu du même nom. Cette malice ludique va justement se retrouver à certains moments quand le public va également chercher avec le personnage les anomalies traitresses qui renvoient à zéro. La caméra cède après quelques minutes à une mise en scène à priori plus classique mais à propos, renvoyant constamment à l’espace vide et à la répétition par d’astucieux choix de coupes mais surtout un cadrage qui rappelle à l’enfermement du protagoniste. Ainsi, le motif de boucle se voit accentué par la réalisation, en plus de quelques choix musicaux ainsi que son principe narratif.

Là, le film parvient à éviter la répétition trop monotone en intégrant une réflexion sur la parentalité qui parvient à éviter un biais trop classique comme on aurait pu le craindre dans son point de départ. Le décor même du couloir de métro renvoie bien évidemment à une boucle sociale (le fameux « métro, boulot, dodo ») assez subtile pour permettre un prisme thématique intéressant. Ainsi, l’étouffement ressenti n’est pas qu’horrifique mais surtout émotionnel : comment gérer certaines décisions difficiles ? Comment capter le décor qui nous entoure ? L’écoute même devient une option de survie, tout comme un rapport de communion qui explose dans une séquence référentielle à un classique du cinéma d’horreur mais renvoyant à une nature détruisant l’urbanité étouffante.

En cela, « Exit 8 » se fait une proposition particulièrement passionnante dans son renvoi à une horreur du quotidien, jamais à hurler mais plutôt à se glisser dans le malaise existentiel où l’espace le plus générique devient une boucle infernale. Le renvoi au relationnel se fait alors solution face à cet effroi déshumanisé, dans un titre assez malin et ludique pour glisser dans ses boucles le besoin de cœur derrière le froid.  

Résumé : Un homme piégé dans un couloir de métro cherche la sortie numéro 8. Pour la trouver, il faut traquer les anomalies. S’il en voit une, il fait demi-tour. S’il n’en voit aucune, il continue. S’il se trompe, il est renvoyé à son point de départ. Parviendra-t-il à sortir de ce couloir sans fin ?