Je suis un veinard, nos amis de Cinémaccro ont organisé un concours dont le lot était le Blu Ray de Phantom of the Paradise. Alors j’ai participé, comme tout le monde, et le sort m’a désigné comme vainqueur. Moi qui ne gagne jamais, je suis one ne peut plus heureux car j’adore ce film pour de multiples raisons nostalgiques, philosophiques et esthétiques. Le moment de revenir sur cette pépite de cinéma inclassable!
De la musique, mais pas seulement
Phantom of the Paradise, c’est le mythe de Faust revisité. L’ouvrage de 1808 par Goethe s’est abreuvé à la source de vieilles légendes européennes. Un docteur illustre et érudit accepte de vendre son âme au diable pour gouter à tous les fruits défendus. Lui qui espère connaitre des plaisirs inédits, il est pris au piège de la malice de Lucifer. Ce mythe a été revisité par Gaston Leroux en 1910 et c’est cette histoire que retranscrit Brian de Palma dans le contexte d’années 70 furieuses et débridées. Le compositeur Winslow Leach se fait voler son œuvre par Swan, compositeur célèbre qui a signé un pacte avec le diable. En voulant récupérer son opéra, il doit lui-même signer un pacte mais devient une créature qui hante la nouvelle salle de spectacle du maléfique producteur, le Paradise. Voilà, un classique revisité, ça fait toujours bonne figure et donne de l’épaisseur à la dramaturgie. Car de nombreux thèmes sont abordés: la quête de la jeunesse éternelle, le miroir aux alouettes de la célébrité, l’amour inconditionnel. C’est vaste, c’est passionnant.
Une bande son inoubliable
Brian de Palma utilise Paul WIlliams à plusieurs titres. En acteur dans le rôle de Swan pour une composition inédite, et à la baguette pour la composition de la musique du film. Et à l’ère du streaming, nombreux sont ceux qui ont pu trouver toutes les chansons du film pour se faire des playlists car la musique est à la hauteur du film. Kitch, symphonique, harmonique, c’est un régal d’écouter Old Souls, Special to me ou The Hell of it. Les années 70 étaient passionnantes musicalement, la BO donne un très bon aperçu de l’époque. Surtout que les chansons s’insèrent parfaitement dans la trame, à grand renfort de grand guignol, d’effets théâtraux et d’outrance assumée, transformant le film en Opéra Rock inimitable. La jeune Jessica Harper donne de la voix avant d’autres prestations comme dans Suspiria.
Les années 70, pour le pire et pour le meilleur
En 2019, le film peut paraitre horriblement kitsch, car du temps est passé et cette accumulation de couleurs et de strass peut créer une overdose chez ceux qui ne sont pas habitués. Pourtant c’est un des atouts du film, surtout que Brian de Palma use et abuse des split screens pour mettre en parallèle plusieurs scènes qui se déroulent en même temps. Déjà vu dans L’étrangleur de Boston, ce procédé créée une angoisse palpable car une scène en premier plan est mise en abime avec un personnage de l’ombre tout décidé à agir. Meurtres, incidents, coups de théâtre, avec en plus la musique, ce procédé gagne ici ses lettres de noblesse.
Voilà, le film est assez court et assez dense, je vais me le regarder prochainement pour tenter d’y déceler de nouvelles pistes de réflexion. Après déjà une bonne dizaine de visionnages, je ne suis pas à un près. Et encore merci aux amis de Cinémaccro, j’ai eu de la chance, ça n’arrive pas tous les jours!