Critique : Comme le rappellent la préface et le résumé de cet ouvrage, tout semble avoir été abordé en ce qui concerne François Truffaut dans le domaine littéraire. Cela n’est évidemment pas étonnant quand on voit la richesse de sa filmographie et l’influence que ses œuvres ont eue sur l’histoire du cinéma français, mais cela peut faire oublier l’humanité au centre de ses titres. L’angle pris par Armand Hennon ici valait clairement la peine d’être souligné tant la façon dont ses seconds rôles apportaient de l’épaisseur à ses films participe à la longévité de ceux-ci. On était donc très intéressé par le contenu de cette « Passion des seconds rôles » et le résultat ne nous a clairement pas déçu.

Il y a en effet un vrai travail pour revenir sur ces nombreux seconds rôles et constater l’évolution de leur carrière (ou non). Armand Hennon propose quelque chose de concentré (quelques pages par personnalité) mais néanmoins riche par la quantité de personnalités abordées et mises en avant. Les liens avec Truffaut et la façon dont il a mis ces individus en lumière résonne bien évidemment en restant au centre de ces écrits. On sent l’investissement pointilleux pour aborder ces noms et rappeler leur vie dans la lumière d’un cinéaste de génie qui avait à cœur de garder l’humain dans ses créations.

« François Truffaut, la passion des seconds rôles » n’est pas qu’un indispensable pour les fans du réalisateur des « 400 coups » et « La nuit américaine », c’est un portrait de diverses personnalités qui auront marqué par leur présence le cinéma français. Armand Hennon propose une recherche complète et fournie dont l’enthousiasme transparaît totalement. Et quand on sent pareil engouement dans des ouvrages du genre, on se sent engagé à les conseiller chaudement.

Résumé : Tout a-t-il été écrit sur François Truffaut ? Visiblement non, et c’est ce que nous prouve brillamment Armand Hennon avec son livre François Truffaut, la passion des seconds rôles. Plus encore qu’une simple suite de biographies, l’auteur fait revivre les rapports privilégiés qu’entretenait le cinéaste avec tous ses comédiens et ses comédiennes. Armand Hennon en a ainsi rencontré beaucoup – en particulier les anciens enfants, retrouvés après d’âpres recherches. Tous ont témoigné d’une relation inoubliable dont l’évocation, plusieurs décennies plus tard, provoque encore un électrochoc affectif. Comme Serge Moati, simple silhouette sur Les 400 Coups, marqué à vie par son expérience sur le film.

Surtout, Truffaut ne négligeait rien et arrivait sur un détail ou dialogue singulier à donner une place particulière à toute une galaxie de personnages devenus, grâce à lui, passionnants.
Chacun d’entre nous, cinéphile assidu ou simple amateur de cinéma, a ses préférences et garde en mémoire particulièrement l’un d’entre eux. Le copain d’Antoine Doinel dans Les 400 Coups, la femme trompée de Lachenay dans La Peau douce, l’éblouissante Madame Tabard et son extravagant mari, que l’on ne découvre qu’après plus d’une heure de Baisers volés, la gouvernante affectueuse de L’Enfant sauvage, l’actrice déclinante qui confond les portes du décor dans La Nuit américaine, le libraire amoureux d’Adèle H., l’instituteur humaniste de L’Argent de poche, l’éditrice de Morane dans L’Homme qui aimait les femmes, Colette et Sabine de L’Amour en fuite évoquées dans la chanson d’Alain Souchon, le mari caché dans la cave du Dernier Métro, Madame Jouve dans La Femme d’à côté… Ils sont tous là et Armand Hennon les ramène, pour notre plus grand plaisir, à la surface de nos souvenirs.