Critique : Les portraits de personnalités du cinéma s’accumulent avec toujours un certain intérêt, ne serait-ce que pour rappeler à quel point toute existence a le potentiel de se transformer en film par différents aspects. Mais pourtant, rien ne pouvait nous préparer à ce « Géant : vie et mort de Rock Hudson », sorti depuis quelques semaines chez Capricci. Car en parlant d’un des acteurs mythiques d’un certain Hollywood, Adrien Gombeaud aborde tout un pan sociétal, essentiellement par le biais du sida et de ses répercussions sur de nombreuses vies, médiatisées ou non.
Ainsi, cet essai dresse un parallèle passionnant dans le rapport à la dissimulation dans le jeu, interrogeant comment l’acteur a dû perpétuer une certaine imagerie tout en jouant des rumeurs l’entourant afin d’enfouir la vérité. Il y a une fébrilité qui se dégage de cette analyse, amenant un regard social fort et empathique qui ne peut que résonner avec divers questionnements actuels. Il se dessine au fur et à mesure un portrait amer, celui d’une Amérique qui ne peut supporter la différence et d’un monde où, derrière le glamour et les apparences, une impossibilité d’exister réellement en tant que soi se dévoile, de façon aussi tragique qu’humaine.
Plus qu’un grand essai passionnant, « Géant : vie et mort de Rock Hudson » se fait surtout un portrait triste du rapport à l’identité sous les feux des projecteurs, interrogeant ce que la société exige de vrai et de faux pour mieux convenir à ses carcans. En racontant entre autres la période sida ainsi que l’évolution de l’acting à Hollywood, Adrien Gombeaud parvient bien à brasser large en moins de 150 pages tout en restant resserré et empathique, inscrivant son livre comme un de ceux à lire absolument en cet automne 2025.
Résumé : À la fin de l’été 1985, à 59 ans, un roi se meurt dans son palais de Beverly Hills. Avec stupéfaction, le monde entier vient d’apprendre que Rock Hudson est atteint du sida. L’acteur de Tout ce que le ciel permet, Écrit sur du vent et Confidences sur l’oreiller a passé sa vie à cacher son homosexualité au grand public. Par sa mort, il s’apprête à changer l’image de la maladie.
Géant retrace l’existence tourmentée de l’une des grandes idoles de l’histoire du cinéma, passée d’une petite ville du Michigan aux studios de Californie, des palaces de Paris à la Maison-Blanche et aux nuits de San Francisco. Superstars (James Dean, Elizabeth Taylor, John Wayne…), médecins, détectives privés, maîtres chanteurs et autres paparazzis scandent un destin tissé de secrets, qui épouse l’évolution du mouvement gay à Hollywood, puis les premières années de l’une des pandémies les plus meurtrières du XXe siècle.