Grave a beaucoup fait jaser dans les médias à l’époque de sa sortie en mars 2017. Décrit comme un film d’horreur à la française, insoutenable et effrayant, la légende clamait que des spectateurs sortaient de la salle pour vomir d’effroi. Et si le film de Julia Ducournau n’a bénéficié que d’une très faible exposition avec seulement 80 écrans nationaux, les médias s’en sont pourtant fait l’écho avec une belle quantité d’articles flatteurs. Pour ceux qui ne l’ont pas vu en salles, c’est le moment de rattraper votre retard à l’occasion de la sortie en DVD et Blu-Ray du film le 26 juillet prochain. Et dès le 21 juillet sur la VOD…
La viande, ce fléau des temps modernes
La jeune et douée Justine (Garance Marillier) intègre une école vétérinaire pour perpétuer la tradition familiale. Elle y rejoint sa soeur Alexia (Ella Rumpf) présente en 2e année et ne présage pas des secousses qui vont se produire. Le bizutage la voit obligée d’ingérer de la viande, ce que les règles familiales interdisent pourtant fermement. Tous végétariens, Justine, sa soeur et ses parents s’astreignent à une discipline de fer. Mais obligée de s’exécuter, Justine rentre dans une spirale infernale, inexorablement attirée par la chair animale… mais pas que… L’ambiance du film monte crescendo dans ce qui s’apparente à de la démence caractérisée. L’héroïne sérieuse et compétente s’oublie de plus en plus pour un spectacle au moins dérangeant jusqu’aux excès en tous genres facilités par une caméra légèrement racoleuse.
Un marketing trompeur
Décrit dans les médias comme un film d’horreur insoutenable, Grave est tout à fait autre chose. C’est surtout un film psychologique avec une héroïne acculée par une tension interne qui la fait s’oublier. La réalisatrice place l’innocente Garance Marillier aux coeur de tourments savamment orchestrés. L’usage récurrent de musiques rythmées et d’atmosphères de fêtes décomplexées met l’héroïne en abime, en tout cas en porte-à-faux d’une promotion tout juste intégrée dans l’école vétérinaire. Les parallèles avec de grands incunables de l’horreur sont nombreux. Le Carrie de Brian de Palma en premier lieu, évidemment, une touche de Massacre à la Tronçonneuse et un zeste de Cronenberg dans l’usage sordide du corps humain. La tension prend la place d’une horreur frontale promue ici et là et c’est surtout le regard du personnage principal qui interpelle. A ses côtés, la révélation de Nocturama, Rabah Naït Oufella, tente de la maintenir à flots, en vain.
La sortie DVD de Grave permettra à beaucoup de se faire une idée sur ce film retors, parfois graveleux et en tout cas original. Pas non plus le film du siècle mais un opus à voir pour s’en faire une idée plus juste.