Critique : Réalisateur essentiellement reconnu pour son adaptation du roman « Battle Royale », Kinji Fukasku n’en reste pas moins un metteur en scène de talent dans sa captation d’une violence sociale, à l’instar de notre film du jour. En effet, même si « Hommes, porcs et loups » date d’il y a plus de 60 ans, cela n’empêche pas ce long-métrage récemment édité chez Roboto Films de proposer un titre toujours contemporain tout en assumant son ancrage temporel, aussi bien historique qu’artistique.

Ainsi, le côté jazzy noir du film dresse un parallèle évident avec une influence « Nouvelle Vague », accentuée par la gestion des décors et l’aspect urbain inhérent à l’œuvre. On pourrait craindre une forme d’élégance performative mais ce portrait d’un pays meurtri jusque dans ses racines par la seconde guerre mondiale s’oriente plutôt vers une brutalité assez sèche, renforcée par le traitement de la lumière. La photographie en noir et blanc solidifie un certain malaise, notamment dans une deuxième partie bien plus marquée dans sa sauvagerie et les coups infligés.

En ce sens, la façon d’appréhender la jeunesse du pays s’avère le gros point émotionnel du long-métrage, dans un sentiment de perte totale avec l’espoir de se retrouver loin de la criminalité ambiante. Il y a un côté tragique totalement assumé dans la caractérisation, avec une animalité qui diminue le rapport humain empathique et pousse à une division permanente. Le regard sur la communauté renforce d’autant plus le propos social de ce titre, disposant d’ailleurs d’une édition de qualité. Le disque fourni par Roboto Films met correctement en valeur le long-métrage avec une bonne technique et ses divers suppléments, y compris des entretiens avec différentes personnes ayant œuvré sur le film.

Captant le chaos d’une jeunesse qui tente de subsister par tous les moyens, « Hommes, porcs et loups » s’avère toujours aussi brillant dans son ton noir et sa fausse élégance qui laisse rapidement place à une brutale réalité. Kinji Fukasaku reste un metteur en scène à analyser par sa manière de filmer une génération détruite avec sauvagerie, affect et surtout beaucoup de maîtrise visuelle.

Résumé : Dans le Japon d’après-guerre, trois frères devenus malfrats par des chemins différents entrent dans une spirale de violence à la suite d’un « coup » organisé par l’un d’entre eux.