Membre du jury de la compétition internationale du BRIFF, l’actrice Anne Coesens est une figure forte du cinéma belge actuel. L’occasion était donc trop belle de discuter avec elle, aussi bien de festival que de la production belge en général.

Comment avez-vous vécu cette expérience du BRIFF ?

C’est ce que je disais lors de l’interview du BRIFF : c’est toujours un vrai bonheur de faire un jury. D’abord, parce que tu es invitée pour voir des films, ce qui est un beau cadeau ! En général, tu vois de très beaux films, des films que tu ne verras pas nécessairement car ils ne sortent pas toujours en salle. Tu rencontres aussi les autres membres du jury, des belles rencontres. Ici, on est très différents mais c’était très doux et bienveillant. On a eu de chouettes discussions. Donc voilà, c’est un cadeau de pouvoir être jury dans un festival.

Quel est votre regard sur la sélection de cette année ?

Ce qui me fascine toujours, c’est la diversité des films. Ils viennent de tous les horizons. On a eu une grande diversité entre des petits films, d’autres de réalisateurs plus aboutis. C’était une sélection quand même dure, émouvante à plein d’endroits et pour plein de raisons différentes. Après, une sélection de festival constitue déjà la crème de la crème. On voit de très beaux films !

Ici, pourquoi le choix du « Roman de Jim » ?

Il y a plein de raisons. Il y a d’abord la thématique, la façon dont le sujet est traité. Les comédiens sont incroyables. Ce qui m’a beaucoup plu, c’est la distance avec laquelle les personnages sont filmés. La caméra est toujours au bon endroit, à bonne distance. Cela donne quelque chose de très élégant, très pudique. Je trouve que c’est un film très doux sur un sujet très dur. Ce n’est pas toujours facile d’être à la bonne distance de son comédien. C’est une question que je me pose toujours et je trouve que le film est tout le temps à la bonne distance.

Quelle est votre perception du cinéma belge ? Il y a beaucoup de premiers et deuxièmes longs-métrages de personnalités différentes mais grandement talentueuses…

Je pense que c’est une tendance qui existe quand même depuis pas mal d’années. Il se diversifie très fort, il y a beaucoup de cinéma de genre et je trouve ça génial. Ça devient foisonnant. Le panel est beaucoup plus vaste. C’est de plus en plus riche et foisonnant, c’est le terme que j’ai envie d’utiliser.

Vous-même, en tant que comédienne, quels sont les types de projets qui vous touchent le plus ?

C’est assez compliqué à dire. De mon point de vue de comédienne, c’est toujours une rencontre ou pas, même avant un réalisateur ou une réalisatrice, avec un personnage. C’est quand même la première chose : le scénario. J’ai envie de dire que oui, s’il y a rencontre avec un personnage, c’est aussi un cadeau. Mais il n’y a pas d’envie ou d’à priori, de désir d’aller dans une certaine direction. C’est trop vaste en fait, il y a trop de choix, trop d’envies, … Après, il faut qu’il y ait une rencontre, un désir réciproque. Ça demande beaucoup de choses pour que, finalement, il y ait quelque chose qui matche. Il y a beaucoup de paramètres.

Est-ce que le passage par l’écriture télévisuelle pour « Pandore » a donné un nouveau regard dans l’écriture de personnage en général ?

Il y aurait tellement de choses à dire ! C’est déjà une immense découverte que l’écriture. C’est quelque chose que je faisais déjà à travers les films, toute la filmographie que j’ai faite avec Olivier Masset-Depasse. Comme j’étais là dès les prémices des scénarios, on a beaucoup travaillé ensemble. J’avais connaissance de mon personnage dès le début, dès la première idée. C’est un peu comme pour « Pandore » avec mon personnage puisque je suivais tout le processus de l’écriture. Avec Olivier, je le suivais, je participais, pas autant que dans « Pandore » avec Vania (Leturcq) et Savina (Dellicour), mais c’était vraiment très très chouette de suivre la construction d’un personnage depuis le tout début. Et en même temps, c’est toujours agréable de recevoir un scénario et d’être surpris par un personnage qui est déjà là. C’est deux choses tellement différentes mais l’écriture constitue en effet un vrai bonheur.

Comment percevez-vous l’importance des festivals dans la carrière des longs-métrages ?

C’est primordial en fait. Ça met d’abord en lumière les films, c’est une façon d’en parler, de les exposer, de les faire circuler donc ça reste une étape toujours essentielle. Que ce soit un grand festival ou un petit festival, c’est une vitrine toujours importante. C’est une façon de mettre correctement en lumière les films.

Est-ce que vous avez des projets qui arrivent prochainement ?

De quoi je peux parler ? Là, on vient de terminer la post prod de la saison 2 de « Pandore ». Ça sortira juste après les élections début novembre donc on prépare la sortie. On est en train de se décider ou pas sur la saison 3, grande décision à devoir prendre ! Il y a un autre projet dont je peux parler car il est fait et que le tournage a commencé : je vais faire le premier long-métrage d’une réalisatrice qui s’appelle Manon Coubia qui a fait l’INSAS. Je ne sais pas si pitcher le film est une bonne idée donc je ne vais pas le faire mais ça va être quatre portraits de femmes avec quatre comédiennes. Il y a Salomé Richard, Aurélia Petit et Zar Amir Ebrahimi, qui était dans « Tatami ».

Enfin, y a-t-il une question que vous auriez voulu qu’on vous pose ou à laquelle vous aimeriez répondre ?

(réfléchit) Comment ça va ? (rires) On vous l’a déjà posée ?

Oui, Stéphane Castang a répondu exactement la même chose ! (rires)

Merci à Jean-François Pluijgers et à l’équipe du BRIFF pour cet entretien.

*Le jury était également composé de Stéphane Castang, Michel Leclerc et Fabrizio Rongione.