Critique : La période de vacances d’été s’achevant doucement de notre côté, il peut s’avérer intéressant de voir comment de nombreux artistes s’approprient cette période pour analyser un certain mal-être émotionnel. C’est le cas ici de Jan-Ole Gerster avec « Islands », captant la monotonie de l’existence d’un coach de tennis jusqu’à l’arrivée d’une famille dont il va se rapprocher. La base se révèle bien évidemment intrigante et pose une narration au rythme diffus qui risque de diviser par son côté par moments contemplatif, même si parvenant à capter un certain ennui existentiel avant un revirement attendu.
Sam Riley réussit à capter ce côté déambulatoire du personnage par sa façon d’exister dans le cadre, tout en trouvant une implication de plus en plus forte dans cette structure familiale viciée. Les ressentiments à l’intérieur de celle-ci se dévoilent rapidement et quand un élément perturbateur survient, on sent l’envie de notre protagoniste de s’intégrer totalement à ce milieu. Repoussé entre un environnement estival satisfaisant uniquement en apparence et une vie de famille qui nécessite de la reconstruction, notre personnage balbutie avec un désarroi bien appréhendé par la caméra de Jan-Ole Gerster. La lumière renvoie constamment à une apparence solaire qui met pourtant en avant la quête de satisfaction de tout individu dans le monde illusoire des vacances.

C’est pour cela que l’on reste un peu plus partagé par la façon dont le rythme lancinant réduit un peu nos ardeurs au visionnage : on sent bien évidemment l’intention de montage de diluer le temps mais cela impacte la partie « investigation » dont la futilité ironique ne mord pas assez par cette gestion de durée. De même, on sent de la retenue dans la réalisation malgré une solidité visuelle qui appuie les intentions du long-métrage sans totalement le faire basculer (à quelques exceptions près, notamment une fermeture de porte assez cruelle de sens).
On pense néanmoins que la déambulation existentielle au cœur du film de Jan-Ole Gerster peut avoir de l’intérêt dans le sens où « Islands » sait approcher la question du vide avec une résonnance estivale pertinente thématiquement. On aurait pu espérer un résultat plus accentué dans ses intentions mais force est d’admettre que l’approche prise par le long-métrage a son intérêt, à défaut de totalement nous capter.
Résumé : Coach de tennis dans un complexe hôtelier, Tom mène une vie sans attaches au rythme de virées nocturnes alcoolisées et de cours monotones sous le soleil de Fuerteventura. Un jour, parmi le flot incessant des vacanciers, débarque sur l’île Anne, accompagnée de son fils et de son mari. Tom accepte de jouer le guide touristique pour la famille et très vite d’étranges liens commencent à se nouer entre eux.
