Un 4e épisode de Jason Bourne avec Matt Damon hante les salles de cinéma. Après l’incartade Jeremy Renner, l’unique et vrai puncheur de l’extrême est de retour et dérouille à tout va. La magie des épisodes originaux est-elle au rendez-vous? Certains y verront plutôt un recyclage mal embouché et pas très original. Copies de l’intrigue originale, scènes quasiment identiques, utilisation d’une scénographie similaire, le film ravira surtout ceux qui n’auront pas vu la trilogie originale au cinéma. Pour les autres…
Retour en arrière. Nous sommes en 1999 et le premier volet de Matrix sort sur les écrans. Le film d’action hollywoodien se trouve renouvelé en profondeur, les fans de cinéma asiatique crient au plagiat mais le mal est fait. Matrix apporte des milliards et redéfinit le film d’action. Les Wachowski ont bien appris leur leçon. Jusqu’en 2002 et la sortie de la Mémoire dans la peau. Paul Greengrass fait un retour à 180 degrés vers le cinéma d’action qui fait mal. Finie la violence éludée et stylisée, il veut que les coups de loin fassent vraiment mal et que la violence ne soit plus cartoonesque. Matt Damon devient une star du jour au lendemain, musclé et bankable. Il ne sourit pas, il a toujours un coup d’avance, il réfléchit vite et agit instinctivement.
2 autres épisodes tout aussi bien réalisés le verront détricoter la pelote de son passé dans des intrigues bien huilées et subtiles comme un vieux Bruce Lee. Succès public, reconnaissance critique, Jason Bourne devient un succédané plausible du James Bond des familles, actuel, dans un monde qui évolue perpétuellement avec des nouvelles technologies omniprésentes et une traçabilité inédite. Le téléphone portable devient l’équivalent d’une arme de poing et le monde est un terrain de jeu idéal pour en découdre. Les personnages sont patibulaires, payés pour tuer ou faire tuer, le film d’action passe une étape décisive. La preuve, même Daniel Craig devient un succédané de Matt Damon, tout le monde le copie allègrement. Il devient une référence pour les fans de coups de tatane et de montage épileptique. Car Paul Greengrass imprime sa marque à l’écran. Ca va vite, très vite, le spectateur doit être à la limite de la perdition, seulement rattrapé par l’art du héros pour sauver les situations à la dernière seconde. Dans un monde où tout va très vite, Jason Bourne va toujours un peu plus vite.
L’épisode Jeremy Renner n’ayant convaincu ni le public ni les producteurs, ces derniers ont sorti le chéquier pour faire revenir Paul Greengrass et Matt Damon. Mais le temps est passé, comment faire évoluer une franchise qui a imprimé sa marque de fabrique si profondément dans l’imaginaire collectif? Personne ne veut courir de risques et la formule est renouvelée quasiment à l’identique. Intrigues très proches, coups de théâtre déjà vus, déroulé bien connu. Pour éviter l’accident industriel, tout le monde remet le couvert comme en 2002, 2004 et 2007. Dans un seul film, tout le savoir faire est recyclé. D’où un sentiment de lassitude, autant à l’écran que dans la salle. Les vieilles recettes font bailler quand elles ne sont pas optimisées. Et si Alicia Vikander et Tommy Lee Jones ne sont pas moins bons que les acteurs des épisodes précédents, ils ne font que copier/coller sans rien ajouter de spécial. Alors l’action est au rendez vous, le stress est permanent mais on connait tout ça. C’est lassant. On s’ennuie malgré les tentatives d’accélération, les gros plans sur les pieds actionnant les vitesses de l’automobile, les coups qui se multiplient. C’est connu. Il est temps de passer à une nouvelle phase du film d’action que ni James Bond ni Jason Bourne ne parviennent à redémarrer la machine.
Ce Jason Bourne remplit le cahier des charges sans convaincre. C’est du déjà vu, du pré-digéré. La trilogie originelle reste intouchable. Impossible de se contenter de la copier, il va falloir innover un peu plus…