Critique : On ne soulignera sans doute jamais assez le travail de Joseph L. Mankiewicz, ne serait-ce que par l’influence que le réalisateur aura eue sur le cinéma hollywoodien ou encore l’héritage de ses œuvres à travers les années. Ce qui est sûr, c’est que ses films continuent encore de titiller les esprits amoureux du septième art cherchant à décrypter au plus près ses titres renommés avec plus ou moins d’intérêt. Aujourd’hui, nous pencherons largement vers le positif avec ce « Jeu des formes », disponible depuis peu chez les Impressions Nouvelles.

Ainsi, en multipliant les points de vue, l’ouvrage permet de s’approcher totalement de l’auteur et de ses créations en variant les angles, tous plus pertinents les uns que les autres. Il est rapidement difficile de ne pas se prendre à l’exercice analytique, jamais sans fioriture et toujours avec une approche poussée qui amène à redécouvrir autrement tel titre ou telle vision sous-jacente de sa filmographie. C’est également un rappel essentiel qui se dresse en sous-texte de ce livre : l’importance de l’analyse cinéma et de l’intellectualisation des films ayant façonné son histoire, en réponse à une approche plus vaine et vide de la critique qui semble gangréner les réseaux sociaux.

Mais passons outre cette perception car « Joseph Mankiewicz : le jeu des formes » constitue surtout un excellent ouvrage de cinéma, de ceux qui nous poussent à la découverte et la redécouverte cinématographique. Il fallait bien cela pour décrypter pareil auteur de renom et cela fait grandement plaisir de voir une telle recherche, nourrie par les visions et les intellects mais surtout une passion commune qui brille à travers les mots, aussi incandescents que les plans les plus mémorables du cinéma de Mankiewicz…

Résumé : Joseph L. Mankiewicz est un cinéaste hollywoodien qui fit briller les plus grandes stars de son époque, notamment Bette Davis, Rex Harrison, Gene Tierney, Ava Gardner, Elizabeth Taylor ou Marlon Brando. Seul auteur à avoir remporté deux années de suite les Oscars du scénario et de la mise en scène avec Chaînes conjugales (1949) et Ève (1950, également sacré meilleur film), il a été adoré par les futurs jeunes loups de la Nouvelle Vague, notamment pour La Comtesse aux pieds nus (1954) et fut associé par le grand public au tournage tumultueux de Cléopâtre (1963), tandis que les cinéphiles vouent un culte durable à L’Aventure de Mme Muir (1948).

Pour la critique et les historiens du cinéma, il fut surtout reconnu pour l’ingéniosité de ses intrigues et le brio de ses dialogues, au point qu’on l’a un peu enfermé dans une telle réputation. Nous avons voulu ici associer les meilleurs spécialistes français pour rendre compte de toutes les autres dimensions du talent de ce créateur, en particulier dans l’élaboration visuelle de son œuvre, en insistant sur son travail avec les acteurs et actrices, sur sa création de formes, sur la manière dont il convoque toutes les forces d’une industrie au sommet de son art, et si près de sa chute. De la fin des années 1940 jusqu’au début des années 1970, il cultive sa singularité tout en tournant des films qui appartiennent au courant central de la production hollywoodienne. Si bien qu’il laisse aujourd’hui une quantité d’images, de situations, de traces cinématographiques reprises par d’autres auteurs, au cinéma, en littérature, dans les arts plastiques, que ce volume permet de considérer sous un jour neuf.