La Chatte sur un toit brulant est un film de Richard Brooks réalisé en 1958. Adapté de la pièce de théâtre de Tennessee Williams montée en 1955, le film marque la rencontre de Paul Newman et Liz Taylor sur grand écran dans un film passionné et passionnant. La maison de famille des Pollit sert d’arrière plan pour célébrer l’anniversaire du patriarche Big Daddy. Les enfants anticipent son décès prochain et se battent pour capter l’héritage. D’un côté le fils modèle Cooper, sa femme enceinte et leurs 5 enfants. De l’autre côté Brick et Maggie en pleine crise de couple. Brick est devenu alcoolique après le suicide de son meilleur ami et accuse Maggie d’être à l’origine de cet acte malheureux. Tandis que la journée avance, les révélations se font au grand jour et les masques tombent.
Le film est une critique sociale acerbe du système américain. Le mythe du self made man est taillé en brèche avec cette famille uniquement motivée par l’argent et le statut social. Brick (Paul Newman) est un personnage tragique, désemparé pour des raisons purement sentimentales et autodestructeur. Son épouse Maggie (Liz Taylor) est sortie de la misère et ne peut se résoudre à voir son mari se détruire. Il faut voir cette famille se déchirer pour comprendre les intérêts de chaque personnage. Le patriarche attend de ses enfants de suivre son exemple laborieux et brillant. Chemin que semble suivre Cooper et sa femme en mettant au monde une progéniture nombreuse mais mal éduquée. C’est un des éléments récurrents du film, cette marmaille qui piaille et casse les oreilles à tout bout de champ, irritant le patriarche autant que Maggie.
Car l’autre frère Brick est au fond du gouffre. Ancien footballer prometteur, il dépérit depuis le décès par suicide de son meilleur ami. La pièce faisait apparaitre un arrière plan homosexuel que le film ne reprend pas. Brick se saoule du soir au matin et délaisse sa charmante épouse. Au début du film, Liz Taylor revêt les atours de l’épouse bitchy et belliqueuse. Mais au fur et à mesure du film, sa nature profondément généreuse reprend le dessus tandis que Brick se rapproche de ce père honnis. Les masques tombent, les intérêts de Cooper et Mae se font moins généreux, l’épouse du patriarche est trainée dans la boue et Brick se trouve être une victime plus qu’un bourreau. Le film fait alterner adroitement les personnages et la mascarade est rien de moins que croustillante. L’univers familial est décortiqué avec magie par le réalisateur pour des scènes mythiques de disputes et de harangues enflammées. Tandis que la pluie se met à tomber, les flammes semblent s’amplifier dans cette famille pas si saine qu’il le semblait initialement.
Paul Newman et Liz Taylor trouvent ici un de leurs meilleurs rôles. Liz retrouvera un personnage si ambigu plus tardivement dans Qui a peur de Virginia Woolf? avec Richard Burton. Son personnage alterne entre sourires et regards en biais avec élégance. Elle resplendit dans sa robe blanche échancrée et son jeu est tout en nuance, faisant hésiter le spectateur pendant longtemps quant à ses réelles intentions. Garce sournoise ou épouse éplorée, le doute est longtemps permis. La légende de Liz Taylor trouve son origine dans ce rôle équivoque. Et les regards libidineux du patriarche sur sa belle-fille ne font rien pour dissiper les doutes.
Ce Cat on a hot tin roof est un éblouissement tant le massacre familial est cru et sans concession. Un tel film sorti à la fin des années 50 a du faire l’effet d’une bombe et reste encore aujourd’hui un exercice de style classieux. L’image de la famille américaine modèle sur le devant apparait moins reluisant une fois les portes refermées. Le film monte en tension tout du long avec ses revirements et ses révélations. Rien de moins qu’un chef d’oeuvre à découvrir absolument.