Critique : Est-ce qu’on soulignera jamais assez le travail d’édition d’Artus pour nous offrir des pépites difficilement trouvables avec une qualité toujours présente ? Sans doute pas, et il nous paraît important de le rappeler, surtout au vu du dédain de certaines personnes face à un format physique offrant pourtant pléthore de trouvailles. En regroupant « L’étrange vice de Madame Wardh », « Toutes les couleurs du vice » et « Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé » (un titre magnifique au demeurant), l’éditeur nous permet d’apprécier le travail du réalisateur Sergio Martino à la lisière du genre giallo, tout en n’hésitant pas à varier les plaisirs autour de la figure d’Edwige Fenech. L’actrice est à l’image de la variété de ces titres, partageant un regard intense sur un genre si graphique sans totalement y plonger, captant la fascination d’une sexualité appuyée.
On pourra renvoyer les personnes intéressées à un livret d’une grande richesse ou au grand nombre de suppléments compris dans cette édition mais force est de constater que le travail visuel de Sergio Martino est à célébrer. Il y a un investissement sensoriel à souligner, nous permettant de plonger dans la psyché de ses héroïnes tout en offrant un potentiel graphique qui capte et captive. Son regard sur le corps, pertinent dans le giallo, s’avère à l’image de récits où l’enquête est moins intellectuelle que physique, la physicalité des longs-métrages passant notamment par des choix de colorimétrie détonnant un peu quand on compare aux fers de lance du genre.
La proximité de ces films se fait alors autant dans l’émotion que dans le corps, donnant un certain lien à ces trois films tout en leur permettant de poser leur propre singularité, à la lisière d’un mouvement cinématographique dont l’unicité appelle à une forme concordant à une certaine pluralité, en lien avec la liberté de création en sous-texte. C’est ce qu’a bien compris Sergio Martino avec ses films mais également l’éditeur Artus avec ce coffret indispensable, aussi intelligent et passionnant que les longs-métrages qu’il illustre.
Résumé : Alors que L’étrange vice de Madame Wardh raconte les déboires d’une jeune femme face à un prédateur sexuel, Toutes les couleurs du vice dépeint le portrait d’une autre jeune femme qui va participer à des messes noires pour tenter d’exorciser son traumatisme d’enfance, enfin Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé narre la tentative d’un écrivain en manque d’inspiration afin de s’innocenter d’un crime dont il est suspect.