Critique : La gestion du décorum semble avoir été mise de côté dans nombre de divertissements suite à l’évolution de certaines technologies comme le volume, mais c’est bien diminuer la force que peut conférer cet aspect à tout bon long-métrage. Nous pourrions tomber dans la formulation clichée du « décor est un personnage à part entière » mais ce ne serait pas rendre justice à une phrase éculée tout en étant néanmoins vraie. Dans tous les cas, la façon dont le réalisateur King Hu utilise son endroit principal fait partie des plus grandes réussites de cette « Auberge du printemps », disponible en édition physique chez Metropolitan.

En effet, il y a un aspect dissimulant dans les murs de cet établissement, ce qui se voit accentué par la scission narrative du récit entre une partie avançant cachée et une seconde faisant tomber les masques. Il s’y trouve un jeu plaisant de voir les fils narratifs se rejoindre peu à peu avant le détricotage attendu et surtout hautement divertissant. La caméra de King Hu est à la hauteur des attentes par sa façon de capter ce jeu de dupes amusé et ne perdant pas d’une certaine vivacité près de 50 ans après sa sortie. On y sent le grand soin qui lui a été apporté, tout comme à des protagonistes assez intéressants (surtout quand il s’agit des personnages féminins).

Difficile alors de ne pas se prendre au jeu devant « L’auberge du printemps » tant sa façon de se dévoiler et de jouer de son décorum apporte un côté ludique mais surtout une certaine densité thématique. L’établissement titre se voit mis parfaitement à contribution dans son côté renfermant où les secrets se dévoilent invariablement au gré d’une narration bien rythmée et d’une mise en scène clairement des plus prenantes. La théâtralité de ce lieu apporte alors une touche réussie, rappelant l’importance des décors dans les films les plus mémorables, ce qui peut servir de leçon quand on sait que certains blockbusters semblent n’avoir rien à faire de ce point tant qu’en ressort une (fausse) ivresse de spectacle…

Résumé : Dans le nord de la Chine, durant les derniers jours de la dynastie Yuan, une auberge sert de façade aux activités de résistance d’un groupe de révolutionnaires. Leur mission est d’intercepter le traître qui doit remettre un plan de bataille à Lee Khan, émissaire du gouvernement Mongol. Accompagné de sa sœur et de sa garde rapprochée, Lee Khan se rend à l’auberge pour le subtiliser.