Critique : On aime parler de premier plan signature, comme une façon pour la personne derrière la caméra de nous installer dans son récit dès sa première image comme une note d’intention pour son audience. Difficile d’ignorer celle du « Gang des Amazones » par sa proximité avec l’une des braqueuses qui vont mener la narration. Ici, pas d’effluves de violence ou de brutalité : en collant au plus près de Katy (Lyna Khoudri) sur une longue durée, on sent l’envie de la réalisatrice Mélanie Drigeard de vouloir créer une empathie pour ces femmes marquées socialement et voyant dans le braquage une échappatoire financière à une situation sociale déchirante.

Car ici, l’agression se fait économique, renvoyant ses protagonistes au besoin de subsister dans des conditions précaires avec une approche naturaliste à propos. La narration prend son temps pour croquer le portrait de ses héroïnes, les installer dans un réel où chacune cherche à survivre et où l’argent constitue un vrai souci. L’affect envers ses protagonistes constitue alors un atour ému, bien aidé par un casting solide et parvenant à donner vie à ces femmes qui font ce qu’elles peuvent, tout en n’hésitant pas lors du procès à tenter d’ancrer les conséquences de leurs actions par les histoires de ces témoins. Malgré cela, c’est avec ces Amazones que notre cœur bat, d’autant plus face à une violence administrative (cf. un interrogatoire qui restera essentiellement sur le visage d’Izia Higelin ou, plus tard, la menace envers les enfants de Laurence, surprenante Laura Felpin).

À la fois empathique et subtil, réaliste dans ses actions mais touché par ses héroïnes, « Le gang des Amazones » se fait une chronique d’un social si violent qu’une autre forme de violence semble la meilleure solution pour survivre financièrement. La caméra de Mélanie Drigeard, sans effusion et faussement discrète, réussit à faire vivre ces femmes au-delà de leur statut et, sans tomber dans une facilité excusant tout, parvient à donner beaucoup de cœur à ce récit prenant par son triste réalisme.

Résumé : Au début des années 90, cinq jeunes femmes, amies d’enfance, ont braqué sept banques dans la région d’Avignon. La presse les a surnommées “Le Gang des Amazones”. Ce film est leur histoire.