C’est le genre de classement qui apparait régulièrement sur Internet. Quels sont les méchants les plus marquants de l’histoire du cinéma? Je vais tenter de faire (un peu) dans l’originalité. Car j’ai quelques souvenirs personnels marquants de personnages qui m’ont terrifié. Classement garanti sans Dark Vador, Hannibal Lecter ou Freddy Kruger.
Roy Batty dans Blade Runner me vient automatiquement à l’esprit. Car ce replicant est avant tout à la recherche d’un temps de vie supplémentaire. Construit pour une durée limitée, il quitte sa colonie spatiale en compagnie de ses acolytes pour obtenir un supplément d’existence. Ses méthodes sont certes expéditives et il est menacé d’exécution sommaire en cas de capture. Et quand on voit comment Deckard supprime Zora de plusieurs balles dans le dos… Le trop méconnu Rutger Hauer donne son charisme au personnage pour le rendre délicieusement ambivalent. Forcément impitoyable mais pas dénué de réflexion, bien au contraire…
Ernst Stavro Blofeld est un méchant mythique de la franchise James Bond. Avec son costume gris et son chat blanc, il est à la limite du caricatural. Mais il a marqué ma jeunesse. Il n’a pas l’air de rigoler tous les jours et son seul amusement doit consister à torturer des petits chiens tout mignons. Le prototype même du psychopathe seulement occupé à vouloir détruire le monde. Cette monomanie ne ele rend pas crédible du tout mais voilà, c’est un souvenir d’enfance… et cette cicatrice autour de l’oeil, bon, il a de la chance de ne pas avoir perdu son orbite!
Mais qui est donc Keyser Söze? La question agite les spectateurs d’Usual Suspects pendant toute la séance. Sorte de mélange entre le démon et Dracula, tout droit sorti des Carpates et jamais dévoilé, ce personnage est la métaphore parfaite du mal à l’état pur. Dénué de sentiments et d’empathie, il combat pour son propre compte sans s’embarrasser d’une quelconque pitié. Et suprêmement intelligent aussi, il est capable d’échafauder des plans biscornus comme vous ne pouvez pas les imaginer… une sorte d’intelligente maléfique. Mais qui est-il? 😀
Un personnage maléfique n’est pas forcément humain… Création de l’homme, Hal 1900 est dévolu au bien-être de l’équipage en route pour Jupiter. Parfait et forcément infaillible, il se rebelle contre l’équipage. Même une machine semble dotée d’un instinct de survie. Quand il commence à dézinguer un premier membre de l’équipage, le deuxième est décidé à le débrancher pour ne pas succomber à son tour. Stanley Kubrick et Arthur C Clarke ont fait de Hal un Deus Ex Machina qui s’oppose à la découverte par l’homme de ceux qui les ont aidé à franchir plusieurs paliers dans l’échelle de l’évolution. Sa rébellion est-elle télécommandée à distance?
Patrick Bateman est une raclure. Enfant du capitalisme, il possède tout ce qu’il veut et ne trouve du plaisir que dans le crime. Son fonctionnement psychique est abîmé et correspond presque trop parfaitement à ce que la société de consommation souhaite vous faire penser. La recherche du beau, du meilleur, du plus cher, du plus parfait. Devant l’impossibilité de correspondre parfaitement à tous ces canons sociétaux, il se livre à un carnage. Est-il coupable ou n’agit-il que trop complètement pour parfaire ce monde qu’il veut contrôler en tous points? Ce qui lui échappe doit disparaitre… un sacré filou ce Bret Easton Ellis et un livre à lire absolument, bien plus poussé que le film, American Psycho.
Autre victime de la société de consommation, Alex est un esthète de la violence. Un exemple de la renaissance de la société, membre de cette génération qui veut faire table rase des valeurs anciennes. Alex comme A-Lex, hors la loi. Quand Kubrick adapte l’ouvrage de Burgess, se doute-t-il qu’il va créer le scandale et créer un monstre? Film perturbant et fascinant à la fois, Orange Mécanique est redécouvert générations après générations avec le même effroi. Ce qui était considéré comme une futur possible est peut être déjà devenu notre présent…scary!
Jack Torrance est avant tout une victime. De l’isolement, de l’ennui ou des esprits qui hantent les lieux. L’hôtel est construit sur un ancien cimetière indien, de quoi chambouler cet esprit pas si cartésien que ça. Et comme son fils lui même est doté d’un pouvoir surnaturel… Kubrick livre un thriller angoissant, claustrophobique et anxiogène. Et Jack Nicholson livre une des prestations les plus marquantes de sa carrière. Ce regard sournois et pervers, il n’y a que lui pour le faire si parfaitement. De quoi hésiter à aller passer ses vacances dans le Colorado…
Attendez la crème! Quentin Tarantino créée un des méchants les plus pervers de l’histoire du cinéma. Jovial, presque comique mais profondément antipathique. Ses sourires montrent des dents acérés et cet esprit intelligent n’a pour but que la destruction. Hans Landa fait rire et frissonner en même temps. Au cœur d’une épopée vengeresse ayant pour but de dégommer le plus de nazis possibles, il incarne toute l’atrocité d’un régime aveugle et meurtrier. On pense souvent que les pires psychopathes ont pu s’épanouir à l’ombre de l’idéologie nazie, accédant aux plus hautes fonctions et pouvant laisser libre cours à leurs penchants. Hans Landa en est un parfait exemple.
Dans le genre allemand bizarre, Hans Gruber est pas mal non plus. Alan Rickman prête ses traits à ce chef terroriste décidé à assurer sa retraite. Comme si les méchants allemands étaient forcément dotés d’une double personnalité. Apparemment sympathique mais profondément dangereux. Alors que le rôle aurait pu rester anecdotique dans l’histoire du cinéma, Alan Rickman le dote d’une profondeur insondable. Une vraie performance qui a marqué autant le film que la carrière de celui qui allait devenir Rogue dans la saga Harry Potter. Mais bon, là, je suis moins connaisseur…
Comment faire un top 10 des méchants sans notre ami le Joker? Heath Ledger a livré une prestation incroyable, s’immergeant dans le rôle jusqu’à s’y noyer, hélas. Si son personnage est aussi glaçant, c’est aussi parce que l’acteur a été au bout de ses ressources pour le rendre très crédible. Peut être trop pour lui qui n’a jamais réussi à vraiment en sortir. Au final, on se souviendra plus du Joker que de Batman dans The Dark Knight. J’aimerais savoir comment Nolan et Ledger ont interagi, quelles indications donnait le réalisateur et quelles étaient leurs relations. Parce que le résultat est flamboyant.